Plusieurs experts ont souligné hier lors de l'ouverture de la Semaine internationale de l'eau à Stockholm que la gestion de l'eau devait être adaptée selon les pays et conforme au développement durable. Selon le tableau brossé au cours d'une conférence de presse par M. Jamal Saghir, chargé des questions de l'eau à la Banque mondiale, quelque 1,4 milliard de personnes dans le monde, essentiellement en Asie et en Afrique, n'ont pas accès à une eau propre, tandis que 2,6 milliards sont dépourvus de système sanitaire de base. Quelque 3 millions d'enfants meurent chaque année faute d'avoir accès à une eau potable, a-t-il ajouté. Selon lui, l'amélioration de la gestion de l'eau doit aller de pair avec le développement durable. “La Banque mondiale n'accordera plus de prêts à des projets qui ne respectent pas les normes internationales de développement”, a-t-il rappelé. Il a aussi indiqué qu'il était peut-être plus important de financer les services d'approvisionnement en eau que les infrastructures. “À quoi cela sert-il d'avoir des tuyaux s'ils sont vides d'eau”, a-t-il demandé. La ministre suédoise de l'Environnement, Lena Sommestad, a également insisté sur la nécessité d'œuvrer dans le cadre du développement durable. “La démocratie est aussi un aspect important et les femmes doivent être impliquées”, a-t-elle dit. La gestion de l'eau doit être adaptée au niveau de développement et le modèle occidental n'est pas la panacée, a soutenu Sunita Narain, une experte indienne de l'Organisation Center for science and environment (Centre pour la science et l'environnement, CSE) qui a prononcé le principal discours d'ouverture de la conférence qui rassemble des experts d'une centaine de pays. “Il ne suffit pas de nous dire : construisez les infrastructures et faites appel au secteur privé, la question de l'eau est plus compliquée. S'il vous plaît, ne nous donnez pas de réponses faciles”, a-t-elle dit. Selon elle, le modèle centralisé ne peut fonctionner en Inde et il est nécessaire de s'appuyer sur les autorités locales pour la gestion de l'eau. S'agissant du système sanitaire, l'Inde doit choisir d'autres moyens que l'Occident. “Nous ne pouvons pas nous offrir le système moderne de tout à l'égout”, a-t-elle affirmé. Pour Mme Narain, la question de l'eau est la clé de la future croissance de l'Inde et deviendra de plus en plus cruciale au fur et à mesure de l'urbanisation du pays. Cette urbanisation concerne actuellement 30% de la population du pays et 50% dans 30 à 50 ans, selon l'experte du CSE. De 75 à 80% des ressources en eau du sous-continent indien sont utilisées à l'heure actuelle pour l'agriculture, contre 4 à 5% pour l'approvisionnement municipal, le reste allant ver l'industrie. Mme B. Patience Sonjica, ministre sud-africaine de l'Eau et de la Forêt, a souligné l'importance pour l'Afrique du stockage de l'eau, qui ne représente actuellement qu'une très faible part de l'eau consommée alors que la proportion dans les pays riches est de 80%. Pour M. Saghir, la proportion de gens sur la planète n'ayant pas accès à l'eau propre est assez voisine de celle pour l'accès à l'électricité. Mais les investissements nécessaires chaque année pour l'eau (approvisionnement et traitement des eaux usées) sont de l'ordre de 30 millions de dollars, quatre fois moins que pour l'électricité. La conférence organisée par l'Institut international de l'eau de Stockholm se déroule dans la capitale suédoise jusqu'à vendredi prochain.