Le pétrole a connu une période instable en ce début 2020, alors que le monde était au bord d'une guerre américano-iranienne et s'en est rapidement éloigné. Une phase d'escalade soudaine entre Washington et Téhéran a secoué la semaine passée les cours de l'or noir. Le Brent et le WTI s'étaient vu propulser à plus de 4,5% pour respectivement atteindre des records depuis mi-septembre et fin avril, à 71,75 dollars et 65,65 dollars le baril. L'apaisement rapide des tensions a ensuite plus que tempéré cette première poussée de fièvre des investisseurs, faisant chuter les deux indices de référence de 5,3% (pour le Brent) et de 6,4% (pour le WTI) en variation hebdomadaire. Hier, en fin de matinée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 64,66 dollars à Londres. À New York, le baril américain de WTI pour février se négociait à 58,40 dollars. Sauf nouvelles tensions au Moyen-Orient, les investisseurs se concentrent désormais sur la signature de l'accord commercial préliminaire entre les Etats-Unis et la Chine prévu aujourd'hui à Washington. Américains et Chinois doivent ratifier la première étape de cet accord à Washington, une officialisation attendue depuis des mois et qui doit mettre fin à près de deux années de guerre commerciale entre les deux superpuissances. Les analystes estiment que cet accord commercial, dit de "phase 1", donnera ses futures orientations aux prix du pétrole. Les marchés gardent également un œil sur les rapports hebdomadaires sur les stocks de pétrole brut de l'American Petroleum Institute, et de l'Energy Information Administration (EIA). La semaine dernière, l'EIA a indiqué que les stocks de brut ont augmenté de 1,2 million de barils pour la semaine terminée le 3 janvier, alors que le marché s'attendait à une baisse de 3,6 millions de barils. Pour que le prix du baril enclenche une trajectoire haussière, il faudrait non seulement que la croissance économique mondiale soit au rendez-vous (afin de stimuler la demande), mais aussi que la production américaine se stabilise. Si la signature de l'accord commercial entre les USA et la Chine augure d'un optimisme pour la croissance mondiale, le manque de visibilité sur la production américaine brouille les cartes. Même si les toutes dernières données concernant les foreuses en activité sur le territoire américain (Baker Hughes) sont encourageantes, à 670 (un plus bas sur trois ans), la production américaine ne donne pas encore de signes de faiblesse, avec 12,9 millions de barils de production, aux dernières statistiques. Assurément, l'effet de la hausse de la production américaine de pétrole (tirant les prix vers le bas) n'a été que partiellement compensé par les annonces de l'OPEP+ (accord du 7 décembre 2019).