L'Union africaine veut désigner un émissaire spécial pour la Libye devant travailler aux côtés du représentant spécial de l'ONU, Ghassane Salamé, mais le Conseil de sécurité rejette cette demande. L'Algérie a accueilli, jeudi à Alger, une réunion des ministres des Affaires étrangères des six pays voisins de la Libye, lors de laquelle le chef de la diplomatie Sabri Boukadoum a insisté sur le rôle que doivent jouer ces pays et l'Union africaine dans le processus de règlement de crise à Tripoli. Tout en affirmant que l'initiative algérienne n'est pas "en concurrence" avec les autres initiatives politiques régionales ou internationales, Sabri Boukadoum estime, toutefois, qu'il est plus que nécessaire d'"associer l'UA à cette initiative (de paix) et d'appuyer la solution politique à la crise que traverse ce pays", dans son allocution d'ouverture et lors du point de presse qui a sanctionné cette réunion à Alger. Il a également insisté sur "la nécessité de poursuivre le travail avec les pays voisins de la Libye", soulignant que "les pays voisins doivent consentir davantage d'efforts pour mettre fin à cette tragédie qui nous touche directement". Les ministres des Affaires étrangères de Tunisie, Sabri Bachtobji (par intérim), d'Egypte, Sameh Choukri, et du Tchad, Chérif Mahamat Zene, ainsi que les représentants des ministres des Affaires étrangères du Niger et du Soudan ont défendu un rôle accru des pays voisins de la Libye et de l'Union africaine dans la gestion de cette crise qui les concerne en premier lieu, après les Libyens. Evoquant la Conférence internationale de Berlin, à laquelle ont participé seulement l'Algérie et l'Egypte, aux côtés des grandes puissances, Sabri Boukadoum a défendu la présence des autres pays voisins de la Libye pour les prochaines rencontres quant au conflit libyen. Tout en expliquant que "cette réunion n'est pas un mécanisme, mais plutôt une réunion de concertation et de coordination pour faire entendre la voix des pays voisins dans les forums internationaux", le ministre des Affaires étrangères a rappelé que lors de la Conférence de Berlin, "l'accent a été mis sur la nécessité de prendre en compte l'opinion des pays voisins". Et d'ajouter : "L'Union africaine (UA) doit participer au règlement de la crise libyenne et appuyer la solution politique." Certes, le président de la République du Congo, Denis Sassou N'guessou, a représenté l'Afrique à la Conférence de Berlin, en tant que président du Comité de haut niveau de l'Union africaine (UA) sur la Libye, mais l'organisation panafricaine s'est vu refuser par le Conseil de sécurité de désigner un émissaire spécial, pour travailler conjointement avec le représentant spécial du SG de l'Onu en Libye, Ghassane Salamé. Invité à la réunion d'Alger en tant que pays directement touché par les "retombées de la crise en Libye", le Mali a défendu aussi un rôle plus important de l'Union africaine dans le processus de règlement de la crise libyenne. "Nous avons le devoir de conforter les institutions africaines et les initiatives africaines. Cette crise ne peut pas être résolue sans les voisins de la Libye et sans l'Afrique", a estimé le chef de la diplomatie malienne Tiébélé Dramé, lors de son intervention d'ouverture à cette réunion. "La semaine prochaine (30 janvier) se tiendra une réunion à Brazzaville, à l'initiative du président de la République du Congo, président du Comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye. Il est souhaitable que cette réunion enregistre la même mobilisation internationale que celle constatée à Berlin et la même qualité de participation, c'est-à-dire au niveau des chefs d'Etat", a-t-il souhaité, rappelant que "la crise libyenne fait l'objet d'enjeux de rivalités qui vont au-delà de la Libye, la destruction de l'Etat libyen était déjà le signe annonciateur des interférences extérieures dangereuses, elles continuent et n'ont pas cessé". Le Mali était l'un des pays qui ont été directement touchés par la crise en Libye. La chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, en 2011, a engendré un important flux d'armes lourdes vers le Mali, où une rébellion targuie a déstabilisé Bamako dès 2012. Une partie de ces armes a fini entre les mains des groupes terroristes qui ont aggravé la crise malienne et entraîné l'ensemble du Sahel dans l'instabilité sécuritaire.