Après avoir été permissives dans l'utilisation des kits CKD/SKD dans le montage des appareils électroniques et électroménagers, les autorités serrent les vis. Conséquences : des entreprises risquent de fermer et des employés de se retrouver au chômage. Le début de l'année 2020 risque d'être fatal pour les entreprises de production et d'assemblage d'appareils électroniques et électroménagers. Deux grandes entreprises algériennes, une publique et une autre privée, sont déjà en difficulté. Condor et l'Eniem ont annoncé la mise au chômage technique d'une bonne partie de leurs effectifs. La raison ? Pour l'entreprise des frères Benhamadi, l'épuisement des stocks CKD/SKD, destinés au montage des appareils électroniques et électroménagers. Il s'agit, entre autres, de pièces de rechange acquises en kits et destinées à l'assemblage des appareils, notamment ceux nécessitant une haute technologie. Cela fait, en effet, des années que certaines entreprises annoncent être productrices d'appareils électroménagers et même de smartphones et d'autres machines dont la production exige une maîtrise technologique certaine. Des sociétés qui avaient pignon sur rue. Une partie de leurs marchandises était même destinée à l'exportation. Mais en réalité, la plupart de ces sociétés importaient des appareils tout faits. Ce qui ne les empêchaient pas de bénéficier d'avantages fiscaux dédiés à l'importation des kits de pièces de rechange destinés aux activités de montage. Un procédé quasiment identique à celui de l'industrie automobile. Au fil des ans, des usines de montage sont installées un peu partout et la filière devient juteuse. Des milliers de salariés y travaillent et certains groupes diversifient même leurs activités. Pendant ce temps, les autorités, en charge de l'application des lois, n'ont pas pu obliger ces entreprises à respecter le cahier des charges qui stipule, entre autres, que les sociétés devaient atteindre un seuil d'intégration au bout de quelques années d'activité. Au lieu de cela, des marchés publics ont même été accordés de gré à gré, occultant de fait le respect de la réglementation. Subitement, le pouvoir découvre, à la lumière du rétrécissement des réserves de changes, que ces entreprises ne faisaient qu'assembler des appareils qui pouvaient être importés en l'état. Cela s'est fait de manière brutale. Ainsi, en novembre dernier, des dizaines de containers transportant des kits CKD/SKD destinés au montage des appareils électroniques et électroménagers ont été bloqués dans les ports. Les autorités estimaient que les entreprises avaient dépassé les quotas qui leur étaient réservés. Mais devant le coup social de l'opération, les autorités ont ordonné le déblocage des marchandises avec la promesse de ne plus défiscaliser l'importation des kits pour l'année en cours. C'est ce qui est prévu dans la loi de finances 2020. Pour illustrer la position officielle sur le sujet, Abdelmadjid Tebboune avait affirmé, lors d'une récente sortie médiatique, que l'Etat n'allait plus soutenir les industries de montage. "Il faut une véritable industrie", a-t-il répété. Mais ce discours aurait dû être tenu bien avant. Car, entre-temps, il y a des milliers d'employés qui travaillent dans ces entreprises et des millions de dinars qui sont versés aux impôts. Les autorités sont donc dans l'obligation de trouver une solution, même si le choix est vraiment cornélien.