Si l'on ne peut objectivement parler de retard, la lenteur dans l'élaboration du plan d'action gouvernementale peut traduire la difficulté à faire un diagnostic détaillé de chaque secteur, dont la plupart sont empêtrés dans des problèmes multiples. Un peu plus d'un mois après son arrivée à la primature, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, n'a toujours pas mis la touche finale à son plan d'action. C'est du moins ce qu'il est permis de comprendre de la succession de la tenue des Conseils des ministres qui se déclinent jusque-là comme des "tests oraux" aux différents ministres appelés chacun à présenter la "feuille de route" de son secteur et comme cadre pour l'annonce de certaines mesures qui répondent beaucoup plus à l'urgence. D'où les multiples instructions de Tebboune. C'est ainsi que dans le dernier Conseil des ministres tenu lundi, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a été appelé à présenter les dispositions prises pour la prévention contre le coronavirus et le placement en isolement sanitaire des ressortissants algériens rapatriés de Wuhan. Pour sa part, le ministre de l'Education a présenté une feuille de route pour l'"amélioration de la qualité de l'enseignement et de la prise en charge des élèves en termes de conditions de scolarisation et de valorisation de la compétence et du mérite en associant tous les acteurs à travers la mise en place d'une batterie de mesures d'urgence englobant l'allègement du poids du cartable grâce à des fiches pédagogiques, l'élargissement des instituts de formation des personnels et la révision du système de formation spécialisée", selon le communiqué de la présidence de la République. Des exposés ont été également présentés successivement par la ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels, le ministre de la Microentreprise, des Start-up et de l'Economie de la connaissance et du ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire. Signe que le caractère d'urgence semble prendre le pas sur une vision d'ensemble du développement, le ministère de l'Intérieur a, par exemple, présenté un exposé sur la sécurité routière au moment où le bilan des accidents fait froid dans le dos. Autre chantier ouvert sous le sceau de l'urgence : un "programme de développement d'urgence multisectoriel pour l'amélioration des conditions de vie des citoyens". Si l'on ne peut objectivement parler de retard, la lenteur dans l'élaboration du plan d'action gouvernementale peut traduire d'une part la difficulté de faire un diagnostic détaillé de chaque secteur dont la plupart sont empêtrés dans des problèmes multiples, et d'autre part d'y apporter les réponses adéquates. Il y a aussi la prise en compte de nouveaux paramètres et pas des moindres, comme les réponses politiques qu'appelle un échiquier en plein bouleversement depuis février dernier avec l'émergence du mouvement populaire, mais aussi le souci de maintenir une paix sociale menacée par le spectre d'un naufrage économique. C'est peut-être ce qui explique que hormis le chantier de la révision constitutionnelle, on sait peu de choses sur la politique qu'entend imprimer l'Exécutif à chaque secteur. Conscient sans doute de la difficulté et comme pour anticiper sur d'éventuelles contestations sociales, Abdelaziz Djerad a, dès la première réunion de son équipe le 8 janvier dernier, appelé les membres du gouvernement à "ouvrir, sans attendre, les canaux de concertation avec l'ensemble de leurs partenaires". Le Premier ministre avait mis en avant le "souci des pouvoirs publics d'inaugurer une nouvelle ère fondée sur le dialogue et la concertation avec l'ensemble des acteurs sociaux et économiques dans un esprit faisant prévaloir le dialogue franc, responsable et constructif". Outre le devoir d'être adopté par le Conseil des ministres, le plan d'action devra également être présenté au Parlement pour débat et adoption ainsi qu'au Sénat.