Si l'euphorie générale avait envahi les vestiaires kabyles après le premier succès éclatant de la JSK face à l'UMS Blida (3-0), le nouveau coach belge des Canaris, René Taelman, affichait lui une mine plutôt réjouie sans pour autant verser dans le moindre délire. C'est que, en homme de longue expérience à travers les terrains d'Afrique, Taelman doit saisir certainement qu'un début de saison en fanfare est toujours bon à prendre mais gare à l'excès de confiance. “C'est vrai qu'il ne faut pas faire la fine bouche après une aussi belle victoire mais il faut se garder de verser dans un optimisme démesuré”, devait dire le Belge avec sa nonchalance désormais bien établie. “Ma grosse satisfaction, dit-il, est que nos trois “goals” étaient mérités. Nous avons fait les mouvements qu'il fallait pour nous imposer logiquement. C'est un peu la continuation de notre stage en Belgique et je considère que le pourcentage de réussite est appréciable par rapport au nombre d'actions que nos avons pu mener.” Il est vrai qu'en arrivant à Tizi Ouzou, le technicien belge avait annoncé la carte de l'offensive et l'entrée en matière fracassante de ses poulains n'a fait que confirmer des prétentions aussi prometteuses. “Par les statistiques, je sais bien que les scores enregistrés dans les championnats maghrébins sont généralement étriquées, dit-il. Et le fait de réussir trois “goals” bien construits et certainement pas dus au facteur chance est encourageant à plus d'un titre, mais il faut savoir garder la tête froide et préparer sérieusement le prochain match face à Hussein-Dey”, lancera encore Taelman. Invité à donner sa première impression sur le football algérien, René Taelman a préféré jouer la prudence. “Mon impression, je peux vous la donner dans un an, car je ne peux vous la livrer après un seul match de début de saison. Personnellement, je suis à plus de 1 600 matchs dans ma carrière d'entraîneur professionnel et je sais que chaque match a sa vérité. Aujourd'hui, tout a bien marché mais il y a des jours où cela peut coincer. Face à Blida, heureusement que nous avons pu scorer juste avant la pause pour gérer aisément la seconde période car il ne fallait surtout pas concéder l'égalisation face à un adversaire réduit à dix et qui avait pu revenir dans le match sans la vigilance et la détermination de nos joueurs.” À propos de la course au titre, Tealman ne veut guère pavoiser. “Il ne faut surtout pas avoir la grosse tête car tous les matchs sont difficiles. Le champion d'Algérie en titre, l'USMA a perdue 3-1 à Batna mais nous, de notre côté, nous ne serons pas à l'abri lors du prochain match à Hussein-Dey. Je n'ai pas l'habitude de me lancer dans des déclarations aventureuses pleines d'aléas.” Et si le championnat algérien est encore marqué par l'arrivée de plusieurs entraîneurs étrangers, René Taelman ne veut guère se hasarder à avancer le moindre jugement. “Je n'ai pas à juger les entraîneurs étrangers. En Belgique, par exemple, nous avons eu des entraîneurs étrangers qui nous ont beaucoup apporté tels que Ivic ou Happel et j'espère que les coachs étrangers qui exercent en Algérie en feront de même. Nous avons le devoir de prôner un football plus offensif et essayer d'améliorer le spectacle, ce qui n'est pas une mince affaire sur des terrains synthétiques. Ceci dit entraîneur étranger ou pas, là n'est pas le problème. Lorsque vous avez la chance de posséder un Zidane dans votre équipe, c'est quand même plus facile qui si vous ne l'avez pas. Vous n'avez qu'à demander tout cela à Domenech et vous verrez !” lancera ironiquement Taelman, avec son flegme habituel, qui nous fait rappeler d'ailleurs un certain… Waseige. Après les deux techniciens français Jean-Yves Chay puis Christian Coste, la JSK a-t-elle mis la main sur le coach providentiel ? La suite du parcours nous le dira. Mohamed Haouchine