Comment ce fleuron de l'industrie nationale s'est-il retrouvé dans cette situation, et surtout est-il en mesure de sortir un jour la tête de l'eau ? Depuis l'été dernier, l'Entreprise nationale des industries de l'électroménager (Eniem) traverse une des périodes les plus difficiles de ses plus de quarante ans d'existence. En effet, après avoir échappé à un premier arrêt technique en août dernier, suite à un crédit de 600 millions de dinars que lui a débloqué la BEA, voilà qu'elle est, depuis le 2 février, contrainte d'arrêter son activité de production et ce, malgré l'aide d'urgence que le gouvernement a consenti de lui accorder à la dernière minute. Aujourd'hui encore, des interrogations demeurent toujours posées : comment ce fleuron de l'industrie nationale s'est-il retrouvé dans cette situation, et surtout est-il en mesure de sortir un jour la tête de l'eau ? Interrogé à ce sujet, Djilali Mouazer, le P-DG de cette entreprise publique, a énuméré plusieurs difficultés auxquelles l'Eniem est confrontée. "Il y a en premier lieu la mauvaise situation financière de l'entreprise, puis aussi la productivité qui a sensiblement baissé par rapport à il y a quelques années, et nous avons les charges du personnel qui sont très importantes, puisqu'elles représentent 35% du chiffre d'affaires de l'entreprise, ce qui est très lourd et qui nous a amenés d'ailleurs à préparer une organisation de nature à redéployer l'effectif de soutien qui est très important", explique-t-il. Pour lui, même la retraite proportionnelle a rajouté aux difficultés de l'Eniem. "Elle nous a fait perdre beaucoup de nos compétences et d'argent avec. Nous avons perdu plus d'un millier de salariés compétents et 3,3 milliards de dinars exactement", a déploré M. Mouazer. Nonobstant, le P-DG de l'Eniem se veut optimiste, puisque, selon lui, l'entreprise a d'importantes commandes qu'elle n'arrive pas à satisfaire par manque de fonds de roulement. "Concernant ce problème, nous avons déjà obtenu une ligne de crédit de 1,1 milliard de dinars, qui équivaut à deux mois d'activité, en attendant la rallonge demandée qui permettra d'assurer six mois d'activité. Nous avons également introduit, au CPE, une demande de transformation de notre dette du court au long terme avec un fonds de roulement ainsi qu'un taux bonifié à 3%. Le dossier est toujours en cours de traitement, mais c'est une question de temps", a-t-il détaillé. Mais cela suffira-t-il pour assurer une viabilité à long terme ? "L'Eniem a besoin d'un plan de développement consistant à changer les vieux équipements qui sont obsolètes. C'est un défi important qui nécessite beaucoup de moyens financiers. La solution réside donc, d'une part, dans ce plan de développement et de mise à niveau et, d'autre part, dans le partenariat avec des industriels nationaux et/ou étrangers à travers la création de joint-ventures pour la production", souligne M. Mouazer, précisant dans ce sens qu'un plan d'action de redressement de la situation de l'entreprise est déjà élaboré et remis au CPE. Mais, pour Djilali Mouazer, la viabilité de l'Eniem est également tributaire de l'action de l'Etat qui, selon lui, "doit mettre fin à la concurrence déloyale et à l'informel à travers un travail de régulation et de contrôle".