Six mois après avoir échappé de justesse à un premier arrêt de son activité et une mise en congé technique de ses 1 700 travailleurs, voilà que l'Entreprise nationale des industries de l'électroménager (Eniem) d'Oued Aïssi, dont les dirigeants comptaient beaucoup sur une aide du gouvernement qui tarde toujours à se concrétiser, est à nouveau confrontée à la même situation sinon encore plus compliquée. En effet, dans une note interne adressée avant-hier, mardi, aux travailleurs, et dont nous détenons une copie, la direction de l'Eniem annonce devoir se mettre en arrêt technique à compter du dimanche 2 février. "L'employeur et le partenaire social se voient contraints de convenir d'un arrêt technique d'activité à partir du 2 février 2020, et ce, conformément à la convention collective de l'entreprise", lit-on dans ladite note qui précise que cette décision a été prise lors d'une réunion tenue le 27 janvier par le conseil de direction élargi aux membres du bureau du CP pour débattre de la situation prévalant au sein de l'entreprise. Conséquence inévitable de cet arrêt technique, les travailleurs sont systématiquement mis en congé suivant trois formules. "Trois propositions sont formulées par la direction, à savoir en premier lieu, l'épuisement des reliquats des congés annuels, en second lieu, l'anticipation sur les congés annuels 2019-2020 et, en troisième lieu, le chômage technique comme ultime solution", est-il proposé par la direction de l'Eniem non sans préciser, toutefois, que concernant la mise au chômage technique, les travailleurs percevront leurs salaires de base augmentés de l'indemnité d'expérience professionnelle. "Les unités doivent organiser une permanence pour assurer les travaux d'approvisionnement, de bilan financier, de vente de produits finis, de paie, etc.", est-il encore ajouté dans cette note qui vient ainsi balayer d'un revers de la main tout l'espoir nourri, durant plusieurs mois, par la direction de l'Eniem et ses travailleurs de voir leur entreprise repartir d'un bon pied, et ce, notamment après que son P-DG, Djilali Mouazer, a annoncé, au début du mois en cours, que "le dossier déposé auprès du CPE est en bonne voie". Il n'en est visiblement rien, puisque dans la note adressée avant-hier aux travailleurs, Djilali Mouazer a expliqué que le blocage est toujours de mise. "Nous avons le regret de vous informer que toutes les démarches effectuées par l'entreprise auprès de la BEA et de la tutelle pour débloquer la situation financière de l'entreprise afin d'assurer les approvisionnements nécessaires à l'activité de production demeurent à ce jour sans suite, et ce, malgré le plan de charge ambitieux présenté par l'entreprise", lit-on dans le document en question qui ajoute que "cette situation a provoqué une rupture de stocks de matières premières et des collections CKD, et les quelques approvisionnements placés seront réceptionnés à partir de la deuxième quinzaine du mois de mars 2020 et ne couvrent que quelques journées d'activité". Pour rappel, en juillet dernier, la direction de l'Eniem avait déjà anticipé les congés annuels des travailleurs qui se sont vus contraints de les consommer en juillet au lieu du mois d'août, en attendant leur mise en congé technique qui a été finalement évitée de justesse après que la BEA a consenti à accorder une rallonge de 600 millions de dinars de crédit à l'entreprise. Un crédit jugé "insignifiant" par le P-DG de l'Eniem qui a déjà tiré la sonnette d'alarme au début du mois de novembre dernier en expliquant que l'entreprise était quasiment en rupture de stocks en raison du blocage de la banque, mais qu'il comptait énormément sur l'aide du CPE et du gouvernement qui ont fait montre, a-t-il expliqué, d'une "réelle volonté de venir au secours de l'Eniem". Force est de constater que jusque-là, l'Eniem fait face, plutôt, à une sourde oreille.