Les dossiers des deux anciens ministres Chakib Khelil et Ammar Ghoul, soupçonnés de plusieurs et lourds faits de corruption, ont été transmis hier à la Cour suprême, indique un communiqué rendu public par le procureur général près de cette instance. "Dans le cadre du traitement des affaires liées à la corruption, deux dossiers ayant fait l'objet d'ordonnances de non-compétence par la Cour d'Alger, en raison de l'implication de personnalités bénéficiant du privilège de juridiction, ont été reçus par la Cour suprême et transmis au conseiller enquêteur", lit-on dans le communiqué diffusé par l'agence APS. Le premier dossier, est-il précisé, concerne l'affaire dite "Sonatrach II" et implique directement l'ancien ministre de l'Energie et des Mines Chakib Khelil et d'autres coaccusés, pour de lourdes accusations liées notamment "à l'obtention, de façon directe ou indirecte, d'indus avantages et leur octroi à autrui pour services rendus lors de l'exercice de leurs fonctions", ainsi que "l'octroi volontaire à autrui de privilèges injustifiés lors de passations de contrats, d'accords, de marchés et d'avenants, en infraction aux dispositions législatives et réglementaires". L'ancien ministre de l'Energie, connu pour sa grande proximité avec le président déchu Abdelaziz Bouteflika, indique encore le communiqué, "est également poursuivi, avec d'autres coaccusés, pour perception directe ou indirecte de pots-de-vin et d'indus avantages, abus de fonction volontaire pour l'obtention d'indus avantages, prise illégale d'intérêts", mais encore de "blanchiment d'argent et de revenus criminels issus de la corruption dans le cadre d'une bande organisée transfrontalière", ainsi que de "transferts de biens et de fonds issus de revenus criminels pour la dissimulation de leur origine illicite et acquisition et possession de biens et de fonds issus de revenus criminels". Concernant le deuxième dossier évoqué dans le communiqué de la Cour suprême, il concerne, est-il précisé, l'affaire de l'autoroute Est-Ouest, dans laquelle est "impliqué l'ancien ministre des Travaux publics Ammar Ghoul et tout individu dont l'implication sera déterminée par l'enquête". Les chefs d'accusation retenus dans ce second dossier sont également très lourds et portent sur l'"octroi d'indus avantages à autrui en violation des dispositions législatives et réglementaires", "corruption dans la passation de marchés publics", "dilapidation volontaire de biens et de fonds publics", "abus de pouvoir" et "conflits d'intérêts". À rappeler que l'ancien ministre des Travaux publics, cité dans d'autres affaires de corruption, est déjà placé en détention provisoire depuis juillet dernier. Convoqué officiellement par la Cour suprême en juin dernier, l'ancien ministre de l'Energie serait, quant à lui, en fuite à l'étranger depuis plusieurs mois.