Groupes de discussion, appels anonymes et échanges avec des millions d'internautes... comme lors des "printemps arabes", les réseaux sociaux ont joué un rôle primordial dans le déclenchement des manifestations contre la candidature, en avril 2019, d'Abdelaziz Bouteflika pour un 5e mandat présidentiel. Dans cette Algérie du début de l'année 2019, à l'exception de quelques médias indépendants, l'essentiel de la sphère médiatique algérienne sert de relais aux promoteurs de la campagne pour la reconduite d'Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat. Dans les villes et les villages reculés, la colère monte. Les Algériens ont été touchés dans leur orgueil. Mais les médias classiques, en dehors des journaux habituels qui rapportent les voix de l'opposition, passent à côté. Pour ne pas subir le poids de la chape de plomb qui pèse sur les médias, des activistes de ce qui deviendra plus tard le "hirak" emploient alors les réseaux sociaux. Quelques jours avant la marche historique du 22 février, des citoyens ont créé des groupes de discussion et appelé les Algériens à sortir manifester contre l'éventualité de voir le chef de l'Etat, vieux et malade, briguer un cinquième mandat. Cela a été payant. La marée humaine à Alger et dans toutes les villes du pays a surpris tout le monde. Les internautes, en majorité fiers du travail accompli, ont partagé des images et vidéos des manifestations sur les réseaux sociaux. Une dynamique venait de naître. Des images qui ont dopé la mobilisation. Au fur et à mesure de l'évolution de la contestation, les réseaux sociaux deviennent le lieu de "réunions" virtuelles. Si les médias, notamment les chaînes de télévision, commencent à s'intéresser au séisme politique que venait de provoquer le hirak, Facebook, Twitter et d'autres sites deviennent les lieux de prédilection pour l'élaboration des slogans et la programmation des manifestations populaires chaque semaine. La magie de ces réseaux sociaux est tellement impressionnante qu'elle a réussi à déjouer les plans du pouvoir et même à adapter les slogans des manifestations à l'évolution politique du pouvoir. Le départ d'Abdelaziz Bouteflika et la fermeture de la majorité des médias, notamment audiovisuels, au hirak n'ont pas changé la donne. Les arrestations d'internautes n'ont pas non plus dissuadé les activistes qui redoublent d'ingéniosité pour échapper à la censure et aux arrestations. L'apparition de "mouches électroniques", faux profils utilisés par les officines du pouvoir pour décourager les manifestants, n'ont pas eu les résultats escomptés. Les réseaux sociaux continuent, aujourd'hui encore, à servir de fer de lance à une révolution qui n'en finit pas de surprendre. Et les préparatifs pour la célébration du premier anniversaire du début de la révolution populaire ne déroge pas à la règle. Et tout indique que sur les réseaux sociaux aussi, la marche populaire continue.