Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s'est entretenu jeudi à Istanbul avec Fayez al-Sarraj, après que la Turquie eut assuré que ses engagements en Libye étaient liés à un cessez-le-feu. L'homme fort de l'est de la Libye, le général à la retraite Khalifa Haftar, a menacé hier de s'opposer militairement "aux envahisseurs turcs", si les négociations de Genève sur un cessez-le-feu "échouent". Khalifa Haftar a été reçu mercredi par le ministre de la Défense russe à Moscou. Dans une déclaration rapportée hier par l'agence de presse russe Novosti, Haftar, accusé lui-même de multiplier les violations de la très fragile trêve entre les belligérants libyens, a soutenu que "si les négociations à Genève ne débouchent pas sur la paix et la sécurité dans notre pays, que les mercenaires ne repartent pas d'où ils viennent, alors les forces armées (de Khalifa Haftar) rempliront leur devoir constitutionnel (...) de défense face aux envahisseurs turco-ottomans". "Notre patience atteint ses limites", a-t-il ajouté en guise d'avertissement. Feignant d'œuvrer pour l'instauration de la paix, Haftar tente en vérité d'endosser l'éventuel échec des pourparlers de Genève à son rival Al-Sarraj, chef du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et soutenu par la Turquie. Ainsi, pour Haftar, les pourparlers de la capitale suisse ne pourront aboutir qu'en cas de "retrait des mercenaires syriens et turcs, la fin des livraisons d'armes de la Turquie à Tripoli et la liquidation des groupes terroristes". Quid des mercenaires russes présents en Libye aux côtés des troupes du général va-t-en-guerre ? Evidemment, Haftar fait mine d'oublier qu'il est lui-même appuyé militairement par des puissances étrangères dont l'implication ne fait qu'entraver toute résolution du conflit par la voie politique. C'est dans ce contexte difficile que les pourparlers militaires inter-libyens dans la capitale helvétique ont repris jeudi, au lendemain de l'annonce par le GNA de son retrait de la table des discussions après le bombardement du port de Tripoli par les troupes de Haftar. Le même jour, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu à Istanbul avec le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, après que la Turquie eut assuré que ses engagements en Libye étaient liés à un cessez-le-feu. Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a déclaré à la télévision publique TRT Haber que les engagements de la Turquie en Libye étaient "liés au cessez-le-feu". "Si le cessez-le-feu n'est pas maintenu, le transfert vers un processus politique est très difficile", a ajouté le ministre. Pour rappel, le cessez-le-feu entre les rivaux libyens a été conclu en janvier sous les auspices de la Russie et de la Turquie mais sans grands résultats sur le terrain. Mercredi, le port de Tripoli a été la cible d'une attaque de missiles, qui a provoqué d'importants dégâts, selon le GNA qui accuse l'armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar d'être derrière cette énième agression. L'attaque a été confirmée aussi par la mission de l'ONU en Libye, dénonçant une violation flagrante de la trêve, en cours depuis le 12 janvier. Pas moins 150 violations de la trêve ont été enregistrées depuis cette date selon l'ONU, qui déplore par ailleurs la poursuite des violations par les puissances étrangères de l'embargo sur les armes en Libye.