Les agriculteurs passent un hiver plutôt original, voire atypique, où les pluies ont complètement raté le rendez-vous saisonnier. La pluviométrie demeure encore plus faible, et ce, depuis le mois de janvier dernier. Les agriculteurs s'inquiètent sérieusement. Les quelques herbes qui ont poussé dans les champs risquent à tout moment de disparaître si elles ne reçoivent pas rapidement une quantités d'eau suffisante. Les producteurs gardent, cependant, espoir pour que les mois de mars et avril soient plus généreux en pluies. Experts et responsables du secteur s'accordent à dire que, pour le moment, l'on ne peut parler de sécheresse. Il faut attendre mars et avril, les deux prochains mois habituellement pluvieux durant l'année. "Le produit qui risque d'être touché reste les céréales. Mars et avril sont des mois cruciaux car c'est la période du tallage qui nécessite beaucoup d'eau", explique Mohamed Amokrane Nouad, expert en agronomie, contacté hier. "L'on enregistre une bonne levée puisque l'on a semé déjà au mois d'octobre dernier. Le problème ne doit pas se poser à ceux qui ont semé à temps", ajoute-t-il. Cela étant dit, si d'ici à la mi-mars, de la pluie tombe, l'on peut attester que l'année est sauvée. Sinon, les dégâts risquent d'être fatals pour la campagne céréalière, notamment dans les wilayas précoces, celles qui ont lancé la culture prématurément. "On ne peut pas parler actuellement de sécheresse. La forte pluviométrie enregistrée en octobre et novembre derniers, est suffisante pour le moment, sachant que les plantes, notamment les céréales, sont peu gourmandes en eau en cette période de l'année", a affirmé récemment, pour sa part, le directeur général de l'Institut national des sols, de l'irrigation et du drainage (Insid), Negri Cherif. Pour ce responsable, il faudrait attendre les prochaines semaines pour décréter l'état de "sécheresse agricole" dans le cas où les pluies n'arriveraient pas à temps. "Même dans pareil cas, les agriculteurs recourront à l'irrigation complémentaire autant de fois qu'il faudra", a-t-il souligné. L'irrigation d'appoint (réserve d'eau) constitue effectivement l'une des solutions pour ce type de contraintes. La faiblesse de la pluviométrie commence, néanmoins, à se faire sentir, y compris pour les autres cultures, telles que la pomme de terre, la tomate, parce qu'avec de telles conditions climatiques, la situation est favorable pour l'émergence des champignons qui ciblent les produits agricoles. Cela dit, il faut se rendre à l'évidence et reconnaître que l'Algérie est un pays semi-aride et aride, et que l'on doit désormais se préparer pour pouvoir s'adapter à une telle situation. En effet, les études hydrogéologiques indiquent que l'Algérie devrait subir des périodes de sécheresse deux fois tous les 5 années. Pour cela, estime M. Nouad, "les cultures à programmer à l'avenir doivent être étudiées à l'avance pour être plus résistantes à la chaleur, au soleil, au vent... Il faut qu'on change de vision et de stratégie. L'on doit admettre que si les pluies tombent, c'est un bonus, sinon, il faut faire en sorte que les cultures soient menées et achevées dans de meilleures conditions". Car, l'agriculture aléatoire n'a plus droit de cité au sein des agriculteurs professionnels, ceux qui travaillent la terre tous les jours, non pas deux fois par an seulement (un jour pour les semailles et un autre pour la récolte).