à l'entame de sa seconde année, le mouvement populaire du 22 février monte d'un cran. Après des mois de quasi-monotonie, de nouvelles formes de lutte sont apparues. À commencer par le rajout du samedi comme autre journée de manifestations. La célébration du premier anniversaire du début du mouvement populaire a constitué une étape charnière dans la contestation populaire. C'était surtout l'occasion de réfléchir, de manière collective, à de nouvelles formes de lutte. Là est venue l'idée de multiplier les journées de manifestations. Le premier test, le samedi 22 février, a plutôt bien réussi. Des milliers de manifestants ont investi les rues d'Alger et d'autres villes du pays. Cela a donné des idées à certains activistes pour lancer des appels à manifester pour samedi dernier. Si, contrairement au samedi 22 février 2020, la mobilisation n'était pas forte à Alger avant-hier, ailleurs l'appel à des marches et à des rassemblements a eu un effet appréciable. Dans la capitale, les services de sécurité ont procédé à des dizaines d'interpellations. Ces manifestations de samedi sont intervenues suite aux nombreux appels de hirakistes à intensifier le mouvement populaire et ne pas se contenter des marches du vendredi. Malgré un résultat plutôt mitigé pour une première tentative, cette nouvelle donne peut évoluer vers un changement. En effet, beaucoup de personnes, y compris parmi les acteurs du hirak, ont considéré que les marches du vendredi sont loin de suffire pour parvenir au changement revendiqué. Leur maintien a, certes, aidé le hirak à entretenir la flamme de la contestation durant plus d'une année. Mais cela n'a pas poussé au changement de système politique qui a réussi à se renouveler en organisant notamment l'élection présidentielle de décembre dernier. Ce qui a même amené certains observateurs à lancer l'idée de la structuration du mouvement. Il n'est pas dit cependant que cette nouvelle journée de manifestation populaire, qui s'ajoute donc aux mardis et vendredis, s'inscrirait dans la durée. Il est fort à craindre que le pouvoir lui oppose une répression pour éviter que la contestation populaire ne s'étende à un autre jour de la semaine. C'est ce que les arrestations opérées samedi à Alger donnent à conclure. La méthode du pouvoir n'a pas changé : interpeller pour dissuader. Comme il l'a toujours fait. En effet, depuis les premières semaines de la contestation, le pouvoir a tout fait pour faire avorter la révolution pacifique. Des arrestations ciblant des porteurs de l'emblème amazigh ont été opérées et l'emprisonnement de personnalités a été décidé. La résilience prouvée par le mouvement populaire face aux attaques du pouvoir et de ses alliés est plus que jamais mise à l'épreuve.