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"Persécuter les manifestants n'est pas la réponse attendue par les Algériens" Amnesty international appelle à la libération des personnes arrêtées "arbitrairement"
"Le recours à des accusations forgées de toutes pièces en lien avec la sécurité nationale et l'armée est particulièrement scandaleux", a affirmé Philip Luther, un représentant de l'ONG. Quelques semaines après son rapport accablant sur la situation des droits de l'Homme en Algérie, l'ONG Amnesty International est revenue à la charge pour appeler les autorités algériennes à libérer "sans condition" tous les manifestants pacifiques arrêtés et emprisonnés. "Les autorités algériennes doivent libérer immédiatement et sans condition tous les manifestants pacifiques arrêtés uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique", a déclaré hier Amnesty International dans un communiqué. Alors que se déroulait la 55e manifestation dans de nombreuses wilayas du pays, Amnesty demande également aux autorités de permettre à toutes et à tous d'exercer librement leurs droits humains. "Elles ne doivent pas s'en prendre aux manifestants(es) pacifiques", souligne le texte. Pourtant, au moment de la publication du communiqué de cette ONG, certains manifestants venaient d'être arrêtés à Alger, peu avant le début de la marche hebdomadaire du hirak. Depuis l'élection présidentielle du 12 décembre dernier, pas moins de 76 personnes ont été arrêtées de manière "arbitraire" dans le cadre d'une campagne d'interpellations menée par les autorités, rappelle l'ONG. Activistes dans le hirak, acteurs de la société civile, journalistes ou encore acteurs politiques, la plupart sont poursuivis pour des chefs d'accusation tels que "attroupement non armé", "atteinte à la sécurité nationale", "atteinte au moral de l'armée" ou encore "outrage à des fonctionnaires". "Les autorités algériennes brandissent la menace de procès au pénal contre des dizaines de manifestants pacifiques, visiblement dans le but de les intimider et de faire taire les voix critiques", souligne Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International. "Le recours à des accusations forgées de toutes pièces en lien avec la sécurité nationale et l'armée est particulièrement scandaleux", a-t-il dit, selon le communiqué de son ONG. "Persécuter des manifestants pacifiques n'est certainement pas la réponse qu'attendent les Algériennes et les Algériens qui descendent dans la rue et réclament des réformes de grande envergure", ajoute-t-il. Evoquant certaines arrestations telles que celles de Yasmine Si Hadj Mohand, venue de France et arrêtée le 21 février dernier à Alger, ou encore des 56 jeunes arrêtés la semaine dernière, Amnesty rappelle qu'elle suit les procès de plusieurs manifestants dont les plus emblématiques, celui de Karim Tabbou contre lequel le parquet a requis, mercredi dernier, une peine de quatre ans de prison ou encore celui du président du RAJ, Abdelouahab Fersaoui, en détention et toujours en attente de jugement. "Nous demandons aux autorités algériennes de cesser immédiatement leur campagne d'arrestations et de poursuites arbitraires. Toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique doivent être libérées immédiatement et sans condition, et toutes les charges retenues contre elles doivent être abandonnées", a insisté Philip Luther. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), pas moins de 1 400 manifestants sont poursuivis depuis le début du hirak. En janvier dernier, Amnesty avait établi un constat sans complaisance sur la situation des droits humains en Algérie durant l'année écoulée. "L'usage injustifié ou excessif de la force", "le blocage des espaces publics ou de l'accès à la capitale", "les arrestations arbitraires", "le non-respect des garanties du droit à un procès équitable pour les personnes arrêtées et le harcèlement des journalistes et de certains sites électroniques" sont autant de griefs retenus par l'ONG contre les autorités algériennes. Jusqu'à maintenant, les autorités n'ont toujours pas réagi.