La décision des autorités religieuses occulte le danger que peut constituer un regroupement, même de 10 minutes, dans une salle fermée. Après plusieurs heures de délibérations, les "muftis", des imams et autres "connaisseurs" des affaires religieuses, réunis dimanche autour du ministre des Affaires religieuses, ont décidé de maintenir les prières collectives. Pour donner l'impression de s'aligner sur les efforts de la collectivité nationale, les "savants" des affaires religieuses ont annoncé des mesurettes. Ils appellent les fidèles à "réduire" leur présence dans les mosquées, à expédier la prière du vendredi et à fermer les salles de prière des femmes et des enfants. Hallucinant ! Contre tout bon sens, la décision des autorités religieuses occulte, ainsi, le danger que peut constituer un regroupement, même de 10 minutes, dans une salle fermée comme celle des prières. À quoi sert-il de fermer les salles de prière réservées aux femmes et aux enfants, ainsi que les cours d'éducation religieuse, si les salles de prière restent ouvertes ? La décision des autorités religieuses est d'autant plus incompréhensible que les autres autorités ont annoncé, dans beaucoup de wilayas du pays, la fermeture des lieux de loisirs, des salles des fêtes et autres lieux de regroupement. Beaucoup de citoyens s'attendaient donc à ce que les mosquées soient également fermées au même titre que ces derniers. Alors que la décision de la fermeture des autres lieux publics, les écoles et les universités comprises, a été prise par les autorités politiques, celle des mosquées et des lieux de prière a été laissée au seul ministère des Affaires religieuses, le ministère de la Santé, le premier concerné par la santé publique, se retrouvant ainsi exclu de cette prise de mesure. Au lendemain de cette décision de laisser ouverts les lieux de culte, le ministre de la Santé a estimé que le maintien des manifestations politiques était "dangereux". Mais il s'est interdit de commenter la décision du ministère des Affaires religieuses. Ce qui semble être un tabou ici ne l'est pourtant pas ailleurs. Au Maroc, en Egypte, ainsi qu'en Tunisie, la plupart des gouvernements de la région ont décidé de fermer les mosquées au même titre d'ailleurs que les autres lieux de regroupement. Les décisions étaient politiques. Pourtant, dès l'annonce des premières décisions visant à limiter ou à maîtriser la propagation du coronavirus, des voix se sont élevées pour réclamer carrément la fermeture des mosquées ou l'interdiction de la prière du vendredi au même titre que toute autre manifestation publique. C'est le cas de Mohamed Bekkat-Berkani, président de l'Ordre national des médecins, et du professeur Salim Nafi, chef de service de pneumo-phtisiologie du CHU Issad-Hassani de Beni-Messous. Hier, c'était au tour des politiques de lancer un appel aux autorités afin de fermer les mosquées dans le but de préserver la santé des citoyens. C'est le cas du sénateur FLN, Abdelwahab Benzaïm, qui a lancé hier un appel aux autorités, afin de préserver un maximum de vies. "J'appelle le gouvernement à prendre la décision immédiate de fermer les mosquées et de ne pas attendre une fatwa. La mosquée est un lieu public qui représente un espace clos favorable à la transmission du coronavirus", a-t-il indiqué. "Le gouvernement doit assumer l'interdiction des prières collectives et celle du vendredi. C'est une question de vie ou de mort", a noté, pour sa part, Soufiane Djilali, président de Jil Jadid. Abdesselam Ali-Rachedi a, quant à lui, dit qu'"arrêter les manifestations du vendredi sans fermer préalablement les mosquées n'a aucun sens".