Me Mustapha Bouchachi, Yasmina Khadra, le Pr Nouredine Melikechi, Djamel Zenati, Me Abdelghani Badi, Saïd Sadi sont, entre autres, les voix qui se sont élevées pour exhorter les militants du hirak à suspendre temporairement les marches, pour éviter une propagation du coronavirus. à la veille de la traditionnelle marche hebdomadaire des étudiants, la 56e depuis le début du hirak, et face à la propagation inquiétante de l'épidémie de coronavirus, des appels émanant de personnalités de la société civile, de scientifiques et d'hommes de lettres exhortant le hirak à surseoir à ses manifestations de rue se font de plus en plus insistants. "J'exhorte mes compatriotes à suspendre temporairement le hirak et à éviter les foules", a écrit le Pr Noureddine Melikechi, spécialiste algérien en physique atomique à l'agence spatiale américaine Nasa, dans un post publié dimanche 15 mars sur son compte Twitter. Il a estimé qu'"une suspension temporaire potentielle du hirak n'est pas un signe de faiblesse, mais de sagesse et de maturité". Même sentiment d'inquiétude chez l'écrivain Yasmina Khadra qui, dans un écrit publié, dimanche 15 mars, sur sa page Facebook, a estimé que "le hirak doit observer une trêve" et a appelé "les Algériens à ne pas prendre de risques inutiles aux conséquences dramatiques". "Soyons raisonnables, soyons responsables et soyons solidaires pour empêcher la pandémie de s'attaquer à ce que nous avons de plus cher et de plus précieux : la santé de notre nation, la vie de chacun de nous", a insisté l'auteur de L'Attentat. Une des figures du hirak, Me Bouchachi, a joint sa voix à celles appelant à la suspension des marches. "La sagesse impose la suspension momentanée des marches afin de préserver la santé publique. En attendant l'évolution de la situation, il s'agit de la meilleure voie pour préserver le caractère civilisé du hirak, tout en réfléchissant ensemble à des alternatives", a-t-il écrit sur son compte Facebook. L'avocat Abdelghani Badi a, lui aussi, appelé à l'esprit de responsabilité des étudiants et des militants de la démocratie et des libertés à "suspendre momentanément les manifestations publiques". L'ancien diplomate et ex-ministre de la Communication Abdelaziz Rahabi s'est, lui aussi, prononcé en faveur de "la suspension temporaire des marches". L'Algérie vit un état d'urgence sanitaire non déclaré en raison de la gravité de la pandémie du Covid-19, de l'impréparation de notre système sanitaire, de la faiblesse des mesures de prévention et du peu de civisme dans la gestion de ce risque majeur. Préserver la santé publique "La suspension temporaire des marches, en raison des risques sanitaires avérés, s'impose dès lors comme un devoir national et patriotique", a-t-il soutenu dans une publication postée sur sa page Facebook. L'ancien président du RCD, Saïd Sadi, a estimé, dans une publication sur sa page Facebook, qu"en révolution, la raison prime la passion. Pour vivre libre, il faut être vivant". Un appel, on ne peut plus clair, à cesser les actions de rue pour se prémunir du coronavirus. Dans un écrit intitulé "Détermination et responsabilité" et publié dimanche sur sa page Facebook, le militant engagé Djamel Zenati a pris fait et cause pour la suspension momentanée des marches populaires, mais propose de mener des actions de protestation (grève générale tous les mardis, opération mehraz les vendredis, etc). Reste à savoir si tous ces appels trouveront un écho favorable chez les militants du hirak, en général, et les étudiants, en particulier, qui devaient organiser aujourd'hui une action de rue. Si les étudiants d'Alger sont partagés sur la suspension de leur marche, ceux de Béjaïa, en revanche, semblent plutôt enclins à suspendre le rendez-vous d'aujourd'hui, notamment avec la sortie du Collectif des enseignants et des travailleurs de l'université de Béjaïa qui, dans une déclaration rendue publique dimanche, a estimé qu'"il serait irresponsable de mettre en danger la vie des citoyens mobilisés dans notre révolution pacifique". Favorable à la suspension temporaire de "tous les rassemblements publics", le vice-président de la Laddh (aile Hocine Zehouane), Saïd Salhi, n'estime pas moins que "nul ne peut décréter la suspension des marches" car, explique-t-il, "le hirak est un mouvement spontané". Et M. Salhi de pointer du doigt le gouvernement qui, selon lui, "n'aide pas à l'apaisement".