“Quarante ans après l'indépendance, c'est le statut de l'Algérien dans la société qui se pose encore.” Un meeting de solidarité avec le mouvement citoyen de Kabylie a été organisé, hier, par les leaders de la mouvance démocratique à la salle Afrique, à Alger. Saïd Sadi (RCD), Abdelhak Bererhi (CCDR), Hachemi Cherif (MDS) et Réda Malek (ANR) se sont relayés à la tribune pour marquer leur soutien à ce “combat citoyen” et dresser le prébilan du Président Bouteflika. “Les provocations répétées contre la Kabylie visent d'ailleurs, et ce n'est pas le seul dessein, à ne jamais établir ce bilan étant entendu que l'élection présidentielle est désormais proche”, note Saïd Sadi qui est intervenu en premier. Cette rencontre, la deuxième du genre après quelques années de froid à l'intérieur du fragile pôle démocratique, a permis donc de reprendre publiquement langue, y compris avec les militants de base. Il était, en effet, pour le moins utile de rappeler, à défaut d'avancer réellement dans la délicate entreprise, la nécessité de définir de nouveau les contours d'un “pacte républicain à même d'enfanter un programme d'union démocratique” (Abdelhak Bererhi). L'alternative au régime actuel mérite qu'elle s'identifie. Qu'elle se matérialise aussi. Les quatre orateurs ont insisté sur la dégradation de la situation économique et sociale du pays. Réda Malek, ancien Chef du gouvernement, reconnaît même qu'aujourd'hui, quarante et un ans après l'indépendance, “le statut de l'Algérien dans sa société se pose encore”. Il se pose parce qu'il se trouve des ministres de la République, M. Noureddine Yazid Zerhouni en l'occurrence, qui trouve curieux le fait de survivre à une grève de la faim de trente-cinq jours ! Alors, oui, on peut comprendre que “lui et certains des hommes du régime, au pouvoir et en dehors, souhaitaient la mort des détenus de Kabylie” (Hachemi Cherif). Le statut de l'Algérien gêne tout autant l'ancien président, M. Ahmed Ben Bella, qui accuse Abane Ramdane de trahison. “Ses propos, remarque Sadi, ne sont pas fortuits, ils s'orientent vers le présent et l'avenir plutôt que vers le passé : son intervention programmée vise le projet de La Soummam”. “Abane est le héros de toute l'Algérie, il n'est point étonnant que le pouvoir s'attaque aux symboles de la nation” (Bererhi). Les archs, avoue Réda Malek, ont apporté un bol d'oxygène dans cette “atmosphère de pourriture, l'acte politique qui les a incarcérés doit maintenant les libérer” ; ils ont prouvé, confirme Hachemi Cherif, que la “lutte paie”. La lutte pour la démocratie va devoir se poursuivre, estiment ces leaders de la mouvance républicaine. Mais le danger est que “l'élection présidentielle de 2004 se présente dans les mêmes conditions politiques et institutionnelles de 1995 et 1999” (Hachemi Cherif). En tout cas, si “le pouvoir est aveugle alors que la colère a provoqué des désastres, c'est qu'il est vraiment incapable de gouverner ce peuple” (Réda Malek). Et M. Bouteflika ? Il symbolise la fin du régime, selon Bererhi. Il est un “petit Staline de poche qui n'assume pas ses choix”, conclut Saïd Sadi. L. B.