Cette démission des démocrates de la scène politique et électorale pose l'épineuse question de l'apport de ce courant comme force de proposition agissante. La décision du RCD de boycotter des législatives, la position toujours «décalée» de la scène politique du MDS et les tergiversations de l'ANR par rapport aux prochaines élections pourraient annoncer vraisemblablement la faillite et la déroute du pôle démocratique. Il s'avère que la décision de ne pas participer aux prochaines élections lève le voile sur la défaillance du «clan» des démocrates, toujours empreints de discours, mais qui hypothèquent, par leur absence, l'implication d'une génération de jeunes militants et cadres qui ne saura, qu'en 2008, ce qu'est une campagne électorale. Cette démission des démocrates de la scène politique et électorale pose l'épineuse question de l'apport de ce courant, qui a pourtant un électorat ancré socialement, comme force de proposition agissante. C'est Saïd Sadi qui, lors d'un meeting à Constantine où étaient regroupées pas plus de vingt personnes, dans sa tentative d'expliquer la raison de sa participation au pouvoir, a évoqué pour la première fois le dilemme qui existe dans le pôle démocrate. Après avoir accusé le pouvoir de laisser le terrain aux islamistes, voilà qu'ils contribuent eux-mêmes à laisser le champ libre au pôle islamiste. La décision du RCD de boycotter les législatives a été prise, sans pour autant consulter la base du parti, qui avait, apparemment, la ferme volonté d'y participer. Une décision aussi qui a mis un frein aux ambitions de certains ca- dres compétents du RCD qui voulaient se présenter comme candidats aux prochaines élections. Ce qui a conduit certains d'entre eux à exprimer leur volonté de quitter le parti pour se porter candidats sous la bannière du RND, considéré par les «RCDistes» comme le parti le plus proche des idées du RCD, en raison de sa lutte constante contre l'intégrisme et le terrorisme. Cette «hémorragie» du parti du Dr Saïd Sadi n'est pas terminée parce que certains militants de Constantine, de Khenchela et de Batna auraient déjà claqué la porte du parti est seraient sur le point de rejoindre le FLN très implanté à l'est du pays. Il est clair que cette décision de ne pas participer obéit à une logique électorale qui atteste que le RCD, qui reste sur une expérience ratée dans le gouvernement, a perdu toutes ses chances de récupérer son électorat pour les prochaines législatives, notamment en Kabylie où sa gestion du dossier «ârchs» était assez ambiguë. Il est presque établi, selon certaines indiscrétions, que l'ambition du président du RCD est inscrite sur le long terme, peu intéressé par le siège de député, Saïd Sadi envisage de se présenter à la présidentielle où il pourra jouer les trouble-fêtes devant Benflis et Ouyahia et surtout que son rival de toujours Aït Ahmed ne sera peut-être pas en mesure de se présenter. Cette déroute du pôle démocratique s'est aussi accentuée par un différend de «leadership». En effet, Sadi voulait piloter à sa manière le clan des démocrates et n'a pas apprécié l'arrivée de Sid Ahmed Ghozali dans le groupe. La dernière réunion du pôle démocratique à la salle Atlas à Alger, donnait l'impression d'une réunion clandestine des partis de l'opposition. Hormis le RCD et le MDS ou l'ANR, tous les autres participants étaient considérés comme des partis illégaux et n'étaient pas autorisés à organiser ou à présider des meetings. C'est le cas du FD de Ghozali, du CCDR qui n'était représenté que par les sénateurs dissidents Bererhi et le commandant. Azzedine. Et surtout Djillali Sofiane du MLD qui, apparemment, a disparu de la scène politique. Une représentation faible et surtout illégale qui a donné au RCD les moyens de conduire les débats. Mais voyant que ces personnalités imposantes de «la société civile» n'avaient pas de base populaire et surtout électorale pour récupérer le terrain, le combat démocratique pour lequel ils avaient tant lutté semblait perdu d'avance. Cette faillite des démocrates s'explique aussi par une absence totale de concertation entre les partis sur les questions les plus élémentaires de l'actualité. Quand l'ANR et le RCD ont décidé de participer au gouvernement en défendant la concorde civile, le MDS avait crié à l'échec de la politique qui a été initiée par le pouvoir et personne à l'époque dans le mouvement des démocrates n'avait mené campagne pour défendre le Front démocratique de Ghozali qui luttait pour avoir son agrément du ministère de l'Intérieur. «Ces amis de la démocratie» n'avaient pas aussi réagi quand le leader du RCD avait créé la polémique, en déclarant qu'il avait fait l'objet d'un complot d'assassinat. En définitive, le pôle démocratique a fondu comme neige au soleil, laissant le champ libre aux partis du pouvoir et à ceux des islamistes.