Les pays exportateurs de pétrole de la région Mena devraient enregistrer des pertes avoisinant les 192 milliards de dollars en 2020. L'économie algérienne s'achemine vers une récession en 2020. C'est ce que prévoit l'Institut de la finance internationale (IFI), dans un rapport publié vendredi dernier. "Tous les exportateurs devraient enregistrer d'importants déficits budgétaires en raison de l'effondrement des recettes pétrolières, conduisant à une augmentation de la dette publique", souligne le rapport, qui évoque la récession en Algérie, en Irak et en Iran, mais également dans les pays non-pétroliers, comme le Liban. L'économie algérienne devrait se contracter de 1,3%. Selon l'Institut de la finance internationale, les pays exportateurs de brut de la région Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena) devraient enregistrer des pertes avoisinant les 192 milliards de dollars en 2020, à cause des répercussions économiques de la pandémie de Covid-19, dont la baisse drastique des prix du pétrole. "Sur la base de notre scénario d'un prix moyen du pétrole à 40 dollars le baril, les neuf exportateurs de pétrole de la région Mena verraient leurs revenus liés aux hydrocarbures chuter de 192 milliards de dollars, soit 11% de leur PIB en 2020", indique le rapport. "En conséquence, le solde cumulé des comptes courants passerait d'un excédent de 65 milliards de dollars en 2019 à un déficit de 67 milliards de dollars en 2020 tandis que le déficit budgétaire se creuserait de 2,9% du produit intérieur brut PIB à 9,1%", a estimé le rapport de l'IFI. Selon ce document, cette perte colossale entraînera d'ailleurs la première récession de la région depuis trois décennies. Les pays concernés devraient surtout connaitre des difficultés à financer leurs budgets. Une situation qui entraînera une contraction de 0,3% de l'économie, précise l'institut basé à Washington. Les déficits budgétaires qui résulteront de la crise, généreront une forte augmentation de la dette publique. "La liquidité dans les banques pourrait se resserrer alors que les dépôts bancaires liés au pétrole diminuent et que les prêts non performants pourraient augmenter", prévoit l'IFI. L'institut table par ailleurs sur un recul de la croissance dans les pays importateurs de pétrole de la région Mena, à 0,8%, la plus basse depuis les années 90. Une récession mondiale, souligne le rapport, entraînerait une réduction des échanges, des investissements étrangers directs, des flux touristiques et des envois de fonds vers l'Egypte, la Jordanie, le Maroc et le Liban. L'Egypte devrait également connaître une baisse des recettes de transit du canal de Suez. Les flux de capitaux non-résidents vers la région Mena pourraient reculer de 182 milliards de dollars en 2019 à 101 milliards de dollars cette année. Le rapport évoque, également, la contraction des réserves de change principalement en Arabie saoudite, en Algérie, Irak et Iran. Le rapport liste aussi les politiques mises en œuvre, dans certains pays de la région, pour limiter les retombées économiques du Covid-19 et la chute des prix du pétrole. Pour l'Algérie, il indique que "le gouvernement devrait réduire les dépenses publiques de 30% et retarder les projets de l'Etat pour faire face aux pressions". À cet égard, note l'IFI que "Sonatrach réduira les investissements prévus de moitié". Pour rappel, le Conseil des ministres, lors de sa dernière réunion, a décidé de réduire les dépenses du budget de fonctionnement de 30% sans toucher les salaires. Il a également décidé l'arrêt de la conclusion des contrats d'études et de services avec les bureaux étrangers, ce qui épargnerait à l'Algérie près 7 milliards de dollars. Par ailleurs, gouvernement ambitionne de baisser le montant de la facture d'importation de 41 à 31 milliards de dollars.