L'Algérie a expérimenté, à partir du 5 avril, pour la première fois dans son histoire, l'enseignement à distance généralisé aux élèves scolarisés. Une solution médiane entre les vacances de printemps prolongées jusqu'au 19 avril à cause du confinement imposé par le risque endémique au Covid-19 et la reprise progressive des travaux scolaires. Pour les parents, la tâche s'avère compliquée. Certaines mamans ont passé le week-end à chercher des liens des cours en ligne. "Je trouvais beaucoup d'informations sur les réseaux sociaux. À croire que tous les parents n'avaient plus que cette préoccupation, c'est-à-dire comment replonger leurs enfants progressivement dans une ambiance studieuse", rapporte Hanane, cadre supérieur. "J'ai envoyé mes enfants au lit tôt pour qu'ils puissent suivre les cours sur les chaînes de télévision dès 9h le lendemain. Finalement, ces dernières ont diffusé les programmes matinaux habituels", poursuit-elle. La chaîne terrestre consacre un créneau, en fin de matinée, aux classes d'examen, à raison d'une séance par semaine et par palier. Le site du département de tutelle, dédié au soutien scolaire en cette période de confinement, n'était pas opérationnel dimanche. Selma, en contact permanent avec d'autres parents d'élèves, a reçu des liens vers des cours sur Youtube. La difficulté pour elle est liée à l'organisation de son emploi du temps entre le télétravail et l'assistance qu'elle doit apporter à ses deux fils, l'un au primaire et l'autre au collège. "Ce n'est pas évident de pouvoir consacrer, à chacun d'eux, le temps qu'il faut pour assimiler les cours et faire les exercices en sus des heures passées à travailler pour mon entreprise", se plaint-elle. Les enfants de Rosa, architecte, n'ont pas vraiment rompu avec l'activité scolaire. "Ma fille, une lycéenne en classe terminale, ne croit pas aux télécours. Ses profs des cours particuliers font les leçons sur des chaînes Youtube auxquelles se sont abonnés leurs élèves. Mon fils, en première année moyenne, suit le programme de soutien sur France 4. Je vais le mettre dans le programme national", explique-t-elle. De nombreux enseignants ont pris des initiatives de créer des groupes sur les réseaux sociaux afin de permettre à leurs élèves de suivre des leçons en vidéoconférence. C'est le cas d'une professeure de langue française, exerçant dans un établissement privé à Kouba. Elle consacre, chaque jour, depuis le début du confinement, une heure de cours aux lycéens inscrits aux épreuves anticipées du bac français. "Grâce à elle, la classe a bien avancé dans le programme", témoigne Amina, mère d'un adolescent de 16 ans. Une autre école privée transmet, aux parents par mail, des cours polycopiés et des devoirs de maison préparés par les enseignants. Khaled Ahmed, président de l'association des parents d'élèves, série les carences de l'opération : débit internet faible, des foyers non équipés en ordinateurs, durée des cours trop courte. "Nous répercutonssystématiquement les échos qui nous parviennent des parents au ministère de l'Education nationale afin de régler les problèmes. L'enseignement à distance reste une solution partielle. Elle ne remplace pas les cours dispensés en classe avec une présence physique de l'enseignant", épilogue notre interlocuteur.