Le torchon brûle entre le ministre de la Communication, Amar Belhimer, et l'éditeur des deux sites d'information en ligne, Maghreb Emergent et Radio M info, frappés de censure depuis jeudi dernier. Dans un communiqué rendu public hier, l'éditeur n'a pas exclu un éventuel dépôt de plainte pour "diffamation" contre Belhimer, lequel avait justifié la censure des deux sites en question par une prétendue infraction à la loi sur le financement étranger des médias. "Le double préjudice porté à notre média, engagé quotidiennement depuis le début du confinement dans l'élan de solidarité nationale contre l'épidémie du Covid 19, nous contraint à nous défendre, y compris, si nécessaire, à exercer notre droit d'ester en justice le ministre de la Communication", soutient l'éditeur. "Cette radio a été lancée grâce à une addition de fonds issus éventuellement d'une collecte publique organisée dans le cadre d'une opération de crowdfunding et de dons en provenance de l'étranger, par le canal d'organismes se donnant pour vocation affichée de renforcer les processus dits de ‘modernisation' et de ‘démocratisation'", avait accusé le ministre. "L'affirmation du ministre selon laquelle Radio M a été lancée grâce à des fonds en provenance de l'étranger est une grave atteinte à ses équipes, ses actionnaires et ses partenaires commerciaux. Elle est diffamatoire et déshonore son auteur", estime l'éditeur. "Chercher à jeter le doute sur le caractère national du capital intégralement algérien de l'éditeur de Radio M est un procédé injurieux pour les journalistes promoteurs des projets éditoriaux et à leurs partenaires financiers nationaux", ajoute le texte. Rappelant qu'Interface Médias, éditeur des sites, est une société de droit algérien dont les fondateurs sont composés de journalistes, de collaborateurs et de sociétés nationales, le communiqué, qui relève "une méconnaissance ahurissante du modèle économique innovant de la presse digitale" chez le ministre, s'enorgueillit que "Radio M est un prototype encore inabouti de ce que devrait être la nouvelle industrie médiatique digitale génératrice d'emplois à valeur ajoutée, capables d'exporter des services (YouTube) et proposant une nouvelle offre médiatique aux Algériens et à la diaspora, conforme à la volonté de changement et de transparence exprimée par le peuple algérien depuis le 22 février 2019". "La tentative de lui nuire et de la réduire au silence est un combat d'arrière-garde contre la liberté réclamée par les Algériens", conclut le communiqué.