Les touristes se font de plus en plus rares dans cette région jadis très attirante et attrayante. Le prétexte de la situation sécuritaire ne tient plus. À qui la faute ? Des circuits touristiques sans touristes, des vestiges historiques à l'abandon, des hôtels déserts et désertés abandonnés comme hypothèse. Après avoir connu ses heures de gloire, le circuit touristique des Aurès connu de tous les grands guides du tourisme : planète, routard, berlitz, petit futé, qui dans sa première édition consacrée à l'Algérie lui réserve une place de choix. Il n'y a pas eu disparition des paysages lunaires de Banian, ni écroulement des belles maisons en cube accrochées au bout des falaises à Ghouffi, ni l'effondrement du tombeau du roi berbère Imedghassen 3e siècle avant J.-C. Rien de tout cela ! Au contraire, il y a eu recul puis absence de la tutelle chargée de maintenir la politique et du coup la culture du tourisme, qui peut constituer sans aucun doute une richesse intarissable, beaucoup mieux que le pétrole, nous affirme M. Menaceur Cherif, directeur général de l'agence de voyages Timgad Voyages et premier vice-président de la confédération nationale des opérateurs du tourisme. La situation semble être la même à travers le territoire national et la profonde crise qui agite le secteur du tourisme ne connaîtra sa fin que si une politique touristique à long terme est instaurée. Le travail urgent et d'urgence a montré ses limites et font plus de mal que de bien, et s'il y a un doute, nous n'avons qu'à voir l'état du secteur. Toujours selon M. Menacer, une question se pose : sommes-nous prêts ou pas ? Car prendre part à des rencontres, carrefours et salons internationaux du tourisme, c'est bien beau, mais vendre l'Algérie, son image et reconquérir du terrain, ça ne se passe pas dans des salons. nous n'avons même pas, comme les autres pays, des offices du tourisme dans les capitales du monde (Paris, New York, Rome, etc.), et encore faut-il placer des gens du métier d'une grande compétence, large culture, polyglottes, ayant de grandes connaissances sur le pays, l'Algérie en l'occurrence, ce qui n'est hélas pas le cas actuellement.La responsabilisation des directions du tourisme à travers le territoire national peut être une bonne et sage décision, mais sans moyens humains et matériels, la situation ne va pas s'améliorer. que peut faire un directeur du tourisme dans la wilaya de Batna où le nombre des sites historiques est incalculable, alors qu'il n'a même pas un véhicule, sans parler du personnel qualifié ? notre interlocuteur, M. Menacer, qui a une vue globale du tourisme en Algérie, voit mal l'apport modeste des banques qui, selon lui, doivent jouer le jeu, à long et moyen termes, pour un réel redémarrage du secteur, dans l'intérêt de tous. Aussi, plus de 600 agences de voyages possèdent un agrément pour une activité touristique, alors que celle-ci est saisonnière ; elle commence et meurt juste après le voyage à la Omra. Le tourisme n'a pas de saison, sinon ce n'est plus du tourisme. Il faut aller vers le client, le ramener de l'étranger s'il faut, ce qu'on appelle le tourisme réceptif. Et les touristes étrangers viendront car nous avons des arguments touristiques de taille : 1 200 km de côte, des sites touristiques vierges, des circuits uniques au monde, un désert d'une superficie de 2 ou 3 pays… il est possible de faire de la plongée sous-marine, des battues, de la marche… en fait, l'Algérie est un continent. tout y est, reste le bon sens et le rationnel. En dépit d'une traversée du désert, et c'est le cas de le dire, M. Menacer reste confiant, quant à l'avenir du secteur, du moins dans la région, car une conscience est née, et les citoyens commencent à prendre en charge le patrimoine, comme on la constaté dans la ville de Chemora (wilaya de Batna) où une association avait alerté l'opinion publique sur le risque de disparition d'un site où se trouvaient des dolmens. d'ailleurs, notre journal et dans son édition du 18 août 2005 en parlait. Justement, une décision a été prise par les autorités locales et un périmètre de protection a été tracé. R. Hamatou