Trois associations (sociale, culturelle et sportive) du village d'Ath Mislaïene conjuguent leurs efforts en collaboration avec l'APC d'Akbil pour organiser une série d'activités culturelles et sportives en hommage au chanteur-compositeur Aït Mislaïene Idir, de son vrai nom Benhabouche, né le 3 novembre 1944 au village qui porte honorablement son nom, Ath Mislaïene, un village perché au pied de la montagne du Djurdjura où il sera d'ailleurs inhumé le 21 décembre 2000 à l'âge de 56 ans, suite à une longue maladie. Pour la célébration de cet événement rassembleur, les organisateurs n'ont ménagé aucun effort pour faire sortir la région de l'anonymat. “Sachant qu'il y a un peu plus de trois ans, la conjoncture n'était pas à la fête, nous n'avons pas pu organiser d'activités aussi grandioses”, nous dira Mohamed, fils du défunt artiste. Encore, fallait-il avoir les moyens de recevoir l'affluence des amis et des fans de l'artiste qui ont toujours voulu commémorer son parcours et son œuvre. “Une œuvre aussi riche et variée qui prend racine depuis 1970 pour se construire et s'imposer, contre vents et marées avec pas moins de 31 œuvres”, nous confie M. Bencheikh, membre actif de l'association Tidukla de Ath Mislaïene. Ainsi, le village d'Ath Mislaïene grouille de monde ce week-end. Des jeunes, moins jeunes, des femmes, des artistes connus, des anonymes s'y rassemblent pour se recueillir à la mémoire de l'enfant du village. “Il chantait juste et travaillait dur pour développer éventuellement des thèmes ordinaires, mais aussi des sujets tabous et indésirables par les tenants de l'ordre établi”, révélera R. Aït Ramdane, jeune chanteur amateur qui se produira avec deux chansons du maître.Dda Idir chantera la vie, la mort (Lmut taghedart) l'amour, le conflit de génération, l'histoire (louange à Amirouche ou Hand U Meri) et beaucoup d'autres thèmes qu'il évoquera dans sa création avec l'âme d'un connaisseur. Aït Menguellat Lounis, invité d'honneur, dira à ce propos : “Parler de Idir Aït Mislaïene est loin d'être simple. Je ne m'attendais pas à une telle invitation car Idir est encore parmi nous grâce à son travail.” Il ajoutera en substance : “Aït Mislaïene a apporté une pierre angulaire à cet édifice culturel qu'est la chanson kabyle.” Le grand poète, voulant rendre un hommage sincère à cet autre pilier de la culture berbère, affirme “avoir partagé avec Aït Mislaïene des moments de mésentente, de petites querelles répulsives mais aussi et surtout d'agréables et passionnants moments d'amitié et de convivialité (nemhubba) pour le bien d'un objectif commun cna ntaqbailit (la chanson kabyle).” A cet effet, malgré la fatigue et l'occupation, le chantre Aït Menguellat monte sur scène et nous livre une suite de belles chansons on ne peut plus symboliques de son riche répertoire, chansons fredonnées par les différentes générations. Un régal inattendu, avant de céder la place à d'autres chanteurs venus pour la même occasion, à l'exemple de Ouahioune Hocine, Taleb Tahar, Zeddak, H. Ahras. Par ailleurs, on notera la présence des caméras, dont Berbère TV, Radio Soummam, Chaîne II… qui auraient réservé une piste pour le direct. “Aït Mislaïene mériterait bien que l'on s'y attarde” comme le souhaite M. Meddour, poète qui analysera une partie de l'œuvre de l'artiste. Une façon de lui rendre hommage à sa manière. Enfin, signalons que les activités sont abritées dans l'enceinte du CEM, pendant que l'exposition portant sur la biographie de l'artiste et son œuvre se trouve à la maison de jeunes du même village. Désormais pour parer aux insuffisances, les membres du comité d'organisation nous promettent d'autres manifestations à la maison de la culture de Tizi-Ouzou et pourquoi pas dans la capitale ? Ce ne serait que reconnaissance à cette grande figure de la chanson kabyle. Limara B.