Le choc subi par l'économie mondiale avec la pandémie de Covid-19 tire vers le bas l'ensemble des cours des matières premières et devrait entraîner de nouvelles baisses importantes des prix en 2020, selon la livraison d'avril du Commodity Markets Outlook de la Banque mondiale. Les produits énergétiques sont les plus touchés par l'arrêt brutal de l'activité et les anticipations d'un ralentissement marqué de l'économie mondiale. Les cours pétroliers dévissent depuis janvier et ont atteint le plus bas niveau historique en avril, certaines marchandises de référence se négociant à des tarifs négatifs. Selon la Banque mondiale, les prix du pétrole ont chuté de 70% entre le 20 janvier dernier et le mois d'avril en cours. La baisse des prix du pétrole a, d'abord, été motivée par des inquiétudes concernant l'impact de Covid-19 sur la demande de pétrole en Chine, deuxième consommateur mondial de pétrole. Par la suite, la chute des cours, qui traduit un brusque effondrement de la demande, a été accélérée par les incertitudes entourant les niveaux de production des principaux producteurs de pétrole. "Cette baisse a été exacerbée par la rupture des pourparlers de l'Opep + début mars, et le nouvel accord de production annoncé le 12 avril dernier n'a pas réussi à redresser les prix", constate le rapport. "Le 20 avril, le WTI Cushing pour livraison en mai est tombé à -37 dollars le baril", rappelle la Banque mondiale. Les mesures visant à freiner la circulation du virus ayant restreint la plupart des déplacements, la demande d'or noir devrait baisser de 9,3 milliards de barils par jour cette année — un plongeon inédit —, loin des 100 millions de barils/jour de 2019. "Le baril devrait ressortir en moyenne à 35 dollars en 2020, un niveau qui correspond à une sévère correction par rapport aux prévisions d'octobre dernier et à une chute de 43% au regard de la moyenne de 61 dollars enregistrée en 2019", estime la Banque mondiale. Le prix du pétrole devrait grimper à 42 dollars le baril en 2021. "Les tentatives récentes de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et des autres pays producteurs de réduire leur production pour enrayer cet effondrement de la demande devraient détendre légèrement les marchés pétroliers", indique la Banque mondiale. "Mais à plus long terme et dans la mesure où il soutient les prix, l'accord actuel sera victime des mêmes facteurs qui ont conduit à l'échec des précédents accords de l'Opep ou d'autres pactes autour des matières premières : émergence de nouveaux producteurs, substitution d'autres produits et gains d'efficacité", avertit l'institution de Bretton Woods. Globalement, souligne le rapport, "les cours de l'énergie (gaz naturel et charbon compris) devraient baisser en moyenne de 40% en 2020 par rapport à 2019, même si les experts s'attendent à un rebond sensible en 2021". Les prix du gaz naturel ont cédé beaucoup de terrain depuis le début de l'année. La Banque mondiale table sur une chute de 25% des prix du gaz naturel.