Un coup de frein du commerce mondial mettrait en péril la sécurité alimentaire de plusieurs pays. Même si les marchés des produits agricoles sont jusqu'ici bien approvisionnés, les restrictions commerciales envisagées par de nombreux pays producteurs risquent de mettre sérieusement en danger les pays importateurs, écrit la Banque mondiale dans l'édition d'avril du Commodity Markets Outlook. "La sécurité alimentaire suscite des inquiétudes grandissantes face à l'annonce de restrictions commerciales par plusieurs pays, dont notamment des interdictions d'exportation de certains produits, et à des politiques d'achats excessifs", lit-on dans l'indice de la Banque mondiale sur l'évolution des marchés et des cours des produits de base. Pour ainsi dire, un coup de frein du commerce mondial mettrait en péril la sécurité alimentaire de plusieurs pays. "Malgré des marchés bien achalandés, les restrictions d'exportation pourraient menacer la sécurité alimentaire des pays importateurs", soulignent les experts de l'institution de Bretton Woods qui, dans la foulée, ne manquent pas de sonner le tocsin quant à des perspectives moins rassurantes aussi bien en matière de production que des coûts des produits agricoles. En effet, si, pour cette année, les niveaux de production et des stocks en denrées de base restent au plus haut, de sérieux problèmes pourraient surgir dès l'année prochaine, avertissent les experts de la Banque mondiale. "La production agricole pourrait, surtout lors de la prochaine campagne, pâtir de la désorganisation du commerce et des difficultés dans la distribution des intrants (engrais, pesticides et main-d'œuvre). Les problèmes touchant les chaînes d'approvisionnement ont déjà fragilisé les exportations de produits périssables de certaines économies émergentes et en développement, comme les fleurs, les fruits et les légumes", lit-on dans le rapport de l'institution de Bretton Woods. Des pays vont souffrir dès cette année, particulièrement ceux dépendant des importations et ne disposant pas de stocks suffisants pour affronter la crise. Et ce n'est sans doute pas fini, puisque, selon la Banque mondiale, "l'impact de la pandémie de Covid-19 sur les marchés des produits de base pourrait entraîner des changements à plus long terme : renchérissement du coût des transports du fait de contraintes supplémentaires lors du franchissement des frontières ; alourdissement des coûts commerciaux, en particulier pour les produits agricoles et alimentaires et pour les textiles ; et conséquences sur les échanges et les prix mondiaux des décisions de stocker certaines matières premières". Selon la même source, les marchés émergents et les pays en développement dépendants des produits de base seront les plus exposés aux répercussions économiques de la pandémie. "En plus du coût sanitaire et humain qu'ils devront supporter, et des conséquences du ralentissement économique mondial, la baisse de la demande d'exportations et la désorganisation des chaînes d'approvisionnement vont peser lourd sur l'économie de ces pays", conclut la Banque mondiale dans son rapport, non sans appeler à une action collective pour maintenir les échanges de denrées alimentaires entre pays. Ali Titouche