Les cours mondiaux des produits alimentaires de base repartent à la hausse, menaçant la sécurité alimentaire de millions d'êtres humains, a affirmé le vice-président de la Banque mondiale pour la lutte contre la pauvreté et la gestion économique, Otaviano Canuto. Cette mise en garde vient dans le sillage du dernier rapport trimestriel "Food Price Watch" publié par la BM qui indique que les cours alimentaires mondiaux ont augmenté de 8% entre décembre 2011 et mars 2012, attisés par les mauvaises conditions météorologiques, une demande soutenue de produits vivriers en provenance d'Asie et le renchérissement du pétrole. En mars 2012, l'indice mondial des prix alimentaires de la Banque mondiale était inférieur de seulement 1% à son niveau d'il y a un an et de seulement 6% à son record historique de février 2011. "Si les prévisions actuelles de production ne se confirment pas, les prix alimentaires mondiaux pourraient poursuivre leur envolée, cette perspective appelant à une extrême vigilance", selon l'institution de Bretton Woods. D'après cette institution financière mondiale, toutes les denrées de première nécessité ont augmenté entre décembre 2011 et mars 2012 à l'exception du riz en raison de l'abondance de son offre et de la concurrence intense entre exportateurs. Les prix ont augmenté de 6% pour le blé, de 5% pour le sucre, de 9% pour le maïs et de 7% pour l'huile de soja, alors que le pétrole brut a progressé de 13%. La BM note que les prix alimentaires intérieurs sont restes élevés notamment en Afrique, sous l'effet conjugué d'un niveau élevé d'importations vivrières et de facteurs locaux tels les restrictions aux échanges entre pays voisins, les stocks spéculatifs, les troubles civils, le coût de transport des carburants et de mauvaises conditions météorologiques. Mais un certain nombre de facteurs ont permis de limiter la pression sur les prix alimentaires. Cela s'explique par les prévisions de production pour 2012-2013 qui tablent sur des volumes élevés, en raison notamment de l'augmentation de la production des principales cultures dans le monde à la suite des records de prix atteints fin 2010 et début 2011. D'autre part, des facteurs tels que le ralentissement de l'utilisation du maïs pour la production d'éthanol aux Etats-Unis et le fléchissement de la demande mondiale dû à la crise de l'euro contribuent aussi à endiguer les hausses de prix. Quant à l'action menée par la BM pour faire face à cette situation, elle indique quÆen réponse à la sécheresse qui frappe la Corne de l'Afrique, elle met à disposition 1,8 milliard de dollars pour sauver des vies, améliorer la protection sociale, permettre la reprise économique et renforcer la résistance des populations à la sécheresse. Il s'agit aussi notamment de l'engagement du Programme d'intervention en réponse à la crise alimentaire mondiale (GFRP) qui soutient près de 40 millions de personnes dans 47 pays, grâce à une aide de 1,5 milliard de dollars. S'ajoute à cela le Programme mondial pour l'agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP), établi par la BM en avril 2010 à la demande du G20, bénéficiant du soutien de 7 pays et de la Fondation Bill et Melinda Gates, qui se sont engagés à fournir environ 1,1 milliard de dollars au cours des trois prochaines années, sachant que 612 millions ont déjà été débloqués.