Plusieurs localités de la wilaya font face à une pénurie d'eau potable. À la faible pluviométrie enregistrée cette année, de nombreux facteurs ont fait que la rareté de l'eau s'accentue davantage ces derniers mois. En effet, outre la diminution des réserves hydriques due au changement climatique, on assiste à une mauvaise gestion des ressources existantes. Cela se traduit sur le terrain par la vétusté des canalisations, la répartition inéquitable des ressources hydriques, les pannes fréquentes dans les stations de pompage, l'absence d'une politique de rationalisation de cette ressource naturelle et de lutte contre le gaspillage, la multiplication des branchements illicites, les retards dans la réalisation des projets d'AEP et la réparation des fuites qui deviennent récurrentes. Face à toutes ces contraintes, l'entreprise publique Algérienne des eaux (ADE) peine à mener à bien ses missions en raison du manque des moyens nécessaires, tant humains que matériels, mais aussi à cause de l'absence d'une volonté politique à même de permettre une gestion rationnelle du secteur de l'hydraulique. Un secteur budgétivore qui a englouti plusieurs milliards ces dernières décennies, sans pour autant parvenir à juguler la crise de l'eau qui sévit en Kabylie. Le paradoxe est que même la région de la vallée de la Soummam, qui recèle d'énormes ressources hydriques, avec une vaste nappe phréatique longeant l'oued éponyme, en plus du barrage Tichy Haf (Bouhamza), n'est pas épargnée par cette pénurie d'eau potable. Les populations des communes situées sur les deux rives de la Soummam souffrent le martyre en cette période. Cela dit, l'ADE, qui devrait prendre en charge la gestion des réseaux d'AEP, ne couvre malheureusement pas encore la totalité des communes de la wilaya de Béjaïa. Certaines APC, dépourvues de moyens techniques et de ressources financières suffisantes, continuent à prendre en main ce secteur névralgique, d'où l'anarchie qui règne dans la répartition des ressources hydriques. Dans les daïras d'Akbou et d'Ifri Ouzellaguen, qui renferment des capacités hydriques incommensurables, plusieurs quartiers et villages en pâtissent à longueur d'année. Devant le laxisme et la fuite en avant des responsables en charge du secteur de l'hydraulique, les citoyens recourent à des captages illicites. Certains villageois de la commune d'Ouzellaguen n'hésitent d'ailleurs pas à procéder à des branchements non seulement illicites, mais à partir des conduites de refoulement et en amont de châteaux d'eau. Le comble est que les responsables locaux ferment les yeux devant ces infractions à la réglementation en vigueur, sachant que ces branchements illicites risquent de déclencher une épidémie (maladies à transmission hydrique), puisque l'eau puisée en amont des réservoirs hydriques échappe aux opérations de javellisation. Un véritable problème de santé publique à prendre au sérieux.