En dépit de ses potentialités hydrauliques, la wilaya de Béjaïa, considérée comme l'une des régions les plus dotées en ressources en eau au nord du pays, n'est pas à l'abri du stress hydrique. Malgré les efforts consentis en matière d'investissements dans des projets ayant mobilisé d'énormes moyens financiers, les responsables du secteur de l'hydraulique n'arrivent toujours pas à juguler, un tant soit peu, la crise de l'eau potable qui sévit dans la quasi-totalité des communes de la wilaya. Les insuffisances et défaillances, que connaît ce secteur dans cette région, n'ont pas manqué de susciter un sentiment d'indignation, même chez certains responsables locaux, dont l'ancien wali de Béjaïa, Mohamed Hattab, qui, dès son investiture à la tête de la wilaya, avait fait un constat amer de la situation du secteur. "Au niveau de la wilaya de Béjaïa (...), et à ce jour, aucune commune n'est alimentée 24h/24 en eau potable", avait déploré M. Hattab, tout en soulignant, au passage, que "le secteur de l'hydraulique connaît une importante avancée au niveau national, mais là, on constate que Béjaïa accuse un grand retard (...)". Plus de deux années après ce constat, la situation du secteur demeure inchangée. Les habitants de plusieurs villages et quartiers de la wilaya ne cessent de recourir à des actions de protestation, parfois même à des fermetures de route, pour réclamer de l'eau potable. Les élus locaux, notamment ceux des communes rurales, se plaignent d'un manque flagrant de budgets de l'Etat destinés à moderniser ou à renforcer les réseaux d'alimentation en eau potable (AEP). Des communes entières attendent d'être raccordées au réseau de distribution du barrage de Tichy-Haf, sis à Bouhamza, qui connaissent des coupures fréquentes et des perturbations récurrentes dans les horaires de distribution de l'eau potable. Toutefois, il faut dire que le secteur de l'eau potable est aujourd'hui confronté à de multiples contraintes qui sont à l'origine des insuffisances et des retards enregistrés dans la réalisation des infrastructures de mobilisation, de stockage, d'adduction et de distribution de l'eau potable. Parmi ces contraintes, on peut citer la vétusté de la majorité des réseaux d'AEP, la nature du relief montagneux de la région, l'absence de planification et d'équité dans l'inscription des projets, le manque de moyens financiers au niveau des collectivités locales, la sous-exploitation des sources naturelles et des eaux souterraines, des pertes considérables dans les réseaux d'adduction et d'approvisionnement. À tout cela s'ajoutent les oppositions de citoyens qui freinent parfois le démarrage de projets d'utilité publique. Entre-temps, plusieurs projets inscrits restent en stand-by, à l'exemple de l'extension de la station de traitement du barrage de Tichy-Haf qui devrait passer de 120 000 m3/j à 180 000 m3/j ou du renforcement du réseau d'AEP desservant les communes de Taskriout et d'Aït Smaïl. Sans parler du fameux projet de dessalement de l'eau de mer, qui devient utopique avec la politique d'austérité imposée par le gouvernement. Les statistiques de la wilaya de Béjaïa estiment le niveau de la dotation journalière en eau potable à une moyenne de 150 à 170 litres/jour/habitant. K. ouhnia