Avec le développement de l'épidémie de Covid-19, les différents centres de transfusion sanguine ont constaté une baisse brutale des dons, atteignant dans certaines régions la désaffection de 80% de donneurs traditionnels. En plus du coronavirus qui les a mis dans un mode de fonctionnement exceptionnel, les hôpitaux se retrouvent confrontés à un autre problème induit directement par la propagation de la pandémie : le manque de pochettes de sang en raison de la raréfaction des dons. Le confinement et la crainte de se rendre dans les structures hospitalières sont entre autres raisons de la baisse des réserves. Très rapidement avec le développement de l'épidémie de Covid-19, les différents centres de transfusion sanguine ont constaté une baisse brutale des dons, atteignant dans certaines régions la désaffection de 80% de donneurs traditionnels, atteste l'Agence nationale du sang. À la crainte d'être contaminés par le coronavirus se sont associés les contraintes du couvre-feu, du jeûne et du manque de transport qui rendent les déplacements vers les centres de transfusion fixes très compliqués. Cette situation a été aggravée par l'annulation des points de collecte mobiles, habituellement placés à proximité des mosquées et au niveau des universités et des espaces publics, représentant un tiers de l'ensemble des dons du sang. "C'est dramatique. Nous sommes en train de puiser des réserves nationales de sang alors que les besoins des patients n'ont pas diminué. À eux seuls, les cancéreux consomment une grande partie des disponibilités en produits sanguins, auxquels il faut ajouter les interventions chirurgicales, les accouchements, la transfusion chez le nouveau-né, les traumatismes liés aux accidents de la route, l'hémodialyse et toutes les personnes souffrant de maladies du sang, notamment les thalassémiques et les drépanocytaires", énumère un responsable au niveau de l'Agence nationale du sang. "À Alger, il y a des hôpitaux qui ne disposent pas d'une seule poche de sang. Le problème se pose avec acuité pour les maladies hématologiques qui nécessitent des transfusions régulières et pour l'hémophilie en cas d'hémorragie", témoigne de son côté Latifa Lemhane, présidente de l'association des hémophiles. Au CHU Mustapha par exemple, les services de chirurgie cardiaque, des urgences coronariennes et valvulaires, grandes consommatrices de produits sanguins, ont nécessité une grande mobilisation de l'équipe médicochirurgicale du service qui a sollicité les proches et les voisins des malades afin de parer à ce manque et leur éviter de graves complications. En revanche, toutes les autres activités, comme les biopsies rénales et les transplantations rénales, sont à l'arrêt. Pour écarter les appréhensions, l'Agence nationale du sang précise qu'elle a mis en place toutes les mesures nécessaires afin d'offrir un environnement sécurisé et pour rassurer les donneurs de sang : examen clinique, distanciation et port de gants et de bavettes par tout le personnel de santé et les donneurs.