La Ligue de football professionnel a saisi officiellement ce jeudi la commission de discipline pour diligenter une enquête et traiter le dossier en extrême urgence. Le scandale de la diffusion mercredi de l'enregistrement audio impliquant le président de l'ES Sétif, Fahd Halfaïa, et un manager bien connu à Alger, dans ce qui s'apparente à des aveux de marchandage de matchs de Ligue 1, a fait réagir les instances du football. À commencer par Ligue du football professionnel qui, dans un premier communiqué, a annoncé qu'elle a saisi la commission de discipline à ce sujet. "Suite à la révélation de l'enregistrement téléphonique à propos d'arrangements de matchs du championnat national, le président de la Ligue de football professionnel a saisi officiellement ce jeudi la commission de discipline pour diligenter une enquête et traiter le dossier en extrême urgence, conformément à l'article 9 alinéa 4 du code disciplinaire de la FAF. En attendant les résultats de l'enquête, la LFP condamne avec vigueur et avec fermeté tout acte qui porte atteinte aux règles de l'éthique et à la bonne marche de la compétition et s'engage à veiller scrupuleusement à l'application de la réglementation. La LFP indique qu'elle dispose de moyens coercitifs et d'un arsenal réglementaire à la hauteur pour faire face à ce genre de pratique et à toute idée visant à souiller l'environnement dans lequel évolue notre sport. La LFP, soucieuse de protéger la compétition, réunira toutes les conditions pour la préservation de l'esprit sportif", souligne la LFP. Dans un second communiqué, la ligue s'empresse de préciser que "M. Halfaïa Fahd, directeur général du club de l'ES Sétif, est suspendu jusqu'à son audition programmée pour la séance du lundi 18 mai 2020 à 11h au siège de la Ligue de football professionnel (articles 9 et 10 du code disciplinaire de la FAF) dans le cadre de la procédure provisoire et d'urgence". Pour sa part, la FAF, après l'avoir déjà annoncé mercredi sur sa page Facebook, a indiqué qu'elle s'est saisie "d'un document sonore relatif à une conversation téléphonique où deux individus échangent sur un éventuel arrangement de plusieurs rencontres de football. En attendant l'authentification de ce support, la FAF dénonce avec vigueur ces pratiques condamnables et se réserve le droit de : saisir la commission d'éthique de la FAF pour l'audition des deux personnes une fois identifiées ; saisir son département Intégrité pour conduire les investigations nécessaires pour mettre toute la lumière à ce sujet". On apprend à ce titre que la FAF va recruter un expert dans les enregistrements audio pour mener son enquête. Que risquent donc, à la lumière de ces deux procédures de discipline, le club sétifien et son directeur général, Fahd Halfaïa ? Selon le code disciplinaire de la FAF, il est sûr que des sanctions seront prononcées, mais leur degré de sévérité dépendra en fait des conclusions des membres de la commission de discipline. S'agit-il en fait d'un acte de corruption ou d'une tentative d'influence, d'arrangement, de pression ou d'intimidation ? Si les membres de la Commission de discipline parviennent à prouver que le match USB-ESS est arrangé, ils appliqueront l'article 80 du code de discipline qui traite des cas de corruption. Cet article stipule : "La corruption ou tentative de corruption avérée est sanctionnée comme suit : interdiction à vie d'exercer toute fonction et/ou activité en relation avec le football pour le contrevenant ; suspension de l'équipe pour la saison en cours et rétrogradation du club en division inférieure." En revanche, si la Commission de discipline retient la tentative d'influence, d'arrangement, de pression ou d' intimidation, la sanction sera la défalcation de trois points à l'ESS et une suspension de deux ans pour Fahd Helfaïa, comme ce fut le cas la saison dernière pour Arama (CSC) et Mellal (JSK), avant que le bureau fédéral de la FAF ne lève la sanction en début de saison. Reste à savoir maintenant si les instances du football et du sport iront jusqu'au bout de leurs menaces, sachant que des affaires similaires ont déjà éclaté au grand jour lors des saisons précédentes sans que la FAF ou la LFP prenne des sanctions radicales. Les observateurs estiment du reste que cette passivité de la FAF, à la limite de la complicité, a facilité le marchandage des matchs, devenu monnaie courante dans les championnats algériens. SAMIR LAMARI