Dans cet ouvrage paru en 2020, l'auteur et journaliste El-Yazid Dib a rassemblé plusieurs de ses chroniques rédigées depuis une année, soit depuis le 22 février 2019, dans lesquelles il propose une analyse critique d'un "système à l'agonie". Une année après le soulèvement populaire du 22 février 2019, l'épopée des révoltés du Hirak vient de s'enrichir d'une pile de chroniques choisies de notre confrère El-Yazid Dib qu'il a compilé dans son recueil intitulé "Le soulèvement d'un peuple ou la révolution d'une génération" aux éditions Dar El-Houda. Ecrites tels des actes de colloque d'un peuple en marche, l'auteur se fait aussi l'écho "du prélude et de l'agonie" d'un système qu'il analyse à chaud depuis "l'entame du Hirak". Et en ce qui a trait à l'éloquence de l'auteur, Kamel Bouchama écrit dans sa préface, "le style d'El-Yazid Dib est percutant et racé. Il utilise spontanément le rythme, des phrases qui deviennent musique où chaque syllabe y prend sa place. De là, il donne l'envie à ses lecteurs de savourer jusqu'au bout ses chroniques et ses études et d'en demander plus…" À sont tour, l'auteur exhorte le lecteur dans son préambule à retrouver "ses cris, ses chants mais aussi ses soucis". "Une écuelle pouvant à peine contenir les affres et les remous de la quotidienneté. J'essaie d'aller aux entrailles de cette actualité avec tout ce qu'elle peut entraîner comme scories. Ainsi je la dépouille de la réalité et la mets dans une enchère médiatique. Mes écrits offrent au lecteur beaucoup d'ingrédients, d'aide à la suggestion et à la formulation d'un avis libre et agréé. La fiction est une œuvre de l'esprit, la chronique est l'enfant du fait du jour." Réfractaire à la veulerie, l'auteur a posté "Vive Bouteflika" sur les réseaux sociaux, histoire de sonder la réaction et l'opinion de ceux qui y gravitent dans le cercle présidentiel. Seulement, l'auteur n'a recueilli qu'un unique "J'aime", a-t-il écrit dans sa chronique "Les hommes du Président". "Monsieur le Président, faites-vous lire les tweets et les retweets. C'est une grosse boîte de gémissement populaire, une véritable urne, un libre élément d'évaluation. Vous y verrez l'artifice et la parade, le cri des uns et le silence des autres, l'esbroufe et la grosse menterie, la complaisance et la prise du bâton par le milieu. Ils cajolent, certes, votre pouvoir mais ne crient pas à votre vivat", peut-on lire. Dans son "entêtement", l'auteur irrigue "l'espoir" pour "Une meilleure vie" qui renvoie le lecteur à l'amère programme anti-pénurie (PAP) de l'époque tristement célèbre où le citoyen lambda n'était qu'un maillon de la malodorante chaîne des Aswak El-Fellah. D'où l'exquis adage du terroir : "Ki tachbâa el kerch t'goul leras igheni" (ainsi après avoir rempli l'estomac, la tête demande aux langues de se délier). Et en liaison avec ce qui greffe l'argent public jeté par les fenêtres, l'auteur joue "le dernier quart d'heure" jusqu'à "l'essoufflement" et porte "l'estocade !". "Que font ces sénateurs, ces députés ? À part pointer le nez dans une salle, une ouïe dans les coulisses et une main dans la poche de la cagnotte nationale." Autant dire que l'ouvrage d'El-Yazid Dib est ce doux pamphlet où le doigté, voire le tact évacuent l'hostilité pour y faire place au "défi et à l'incertitude". Louhal Nourreddine Le soulèvement d'un peuple ou la révolution d'une génération d'El-Yazid Dib. Editions Dar El-Houda, 2020, 207 pages