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L'histoire plus ou moins satirique d'une année mouvementée
LE SOULÈVEMENT D'UN PEUPLE OU LA REVOLUTION D'UNE GENERATION D'EL YAZID DIB
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 03 - 2020

Dans une époque aussi étrange et compliquée que la nôtre, les choses les plus simples peuvent expliquer les évènements les plus considérables. Ainsi en est-il, par exemple, des chroniques d'El Yazid Dib et qui sont comme des photographies reproduisant l'histoire plus ou moins satirique de l'année écoulée.
Réunies en volume, ces «chroniques choisies» ont été publiées depuis le 4 janvier 2019 et jusqu'au 16 janvier 2020. L'auteur donne sa lecture de l'actualité, ayant sa propre façon de la raconter. Il aborde tout dans ses articles, notamment «Le soulèvement d'un peuple ou la révolution d'une génération» (le titre du livre). De même que ces chroniques marquent les phases de la maladie du régime politique, ses fièvres, ses palpitations, ses troubles pathologiques. Chroniqueur reconnu, El Yazid Dib n'est pas un simple amuseur, mais un observateur et philosophe sous une apparence de l'ironie railleuse. Derrière le pamphlétaire se cache le semeur d'idées et le poète. Il faut garder à l'esprit que la chronique est aussi une forme littéraire éminemment créatrice. Toutes choses qui font qu'on relève, dans les articles d'El Yazid Dib, un talent propre aux vrais chroniqueurs. Dans Le témoin obscur, un recueil publié en 2011, il disait ceci du chroniqueur, de celui qui sait jeter une fine satire : «... Je ne suis que ce chroniqueur, celui qui vient, selon l'alternance ou chaque jour ou chaque semaine, dans un petit coin d'une page, se faisant tout discret, malmenant à bon point son autocensure et qui n'a pas l'information que l'on voudrait lui en inséminer. Il tient la sienne de sa profondeur, de sa proximité et du regard qu'il porte différemment sur une actualité autrement à voir. Je ne blâme personne, je ne dénonce quiconque, j'énonce seulement des inquiétudes.» Autrement dit, et pour reprendre la célèbre expression de Jules Vallès, l'auteur du présent volume n'est que «le chroniqueur ordinaire de Sa Majesté Tout-le-Monde». Grâce à sa plasticité formelle, ce genre particulier que maîtrise si bien El Yazid Dib devient ainsi un espace singulier de liberté.
Les chroniques réunies dans cet ouvrage donnent alors, comme ensemble, une sorte d'encyclopédie de notre temps. Kamel Bouchama, qui en a signé la préface, ne manque pas de le
relever : «El Yazid Dib touche à tout. Il est comme cet encyclopédique aux connaissances étendues, du fait que ses champs de prédilection prennent leurs sources dans tout ce qui se meut dans l'étendue de notre vaste territoire, mais surtout dans cette formidable et riche diversité sur laquelle repose notre pays. Ce qui laisse entendre qu'il ne va pas chercher ses écrits inlassablement, laborieusement même, dans le fouillis inextricable d'idées surannées qui le conduisent généralement à la confusion. Il va dans la richesse de notre patrimoine pour produire ses écrits..., mais il va, également, dans le quotidien plein de couleurs, mais souvent mouvementé par la bêtise des hommes et le désordre auquel ils sont assujettis. Il les publie spontanément, avec tout le talent qui est le sien, parce qu'il personnifie ce réflexe d'un peuple — son peuple — que des circonstances multiples et variées ont projeté sur la scène de son Histoire, plusieurs fois millénaire.»  El Yazid Dib vit dans un temps très propice à l'observateur attentif qu'il ne manque pas d'être. Dans les chroniques publiées avant le début du Hirak, on trouve parfois certains détails frappants, mais caractéristiques d'une époque et dont le chroniqueur n'avait peut-être pas soupçonné la valeur prémonitoire. Par exemple, dans le texte inaugural du recueil («Les ‘‘hommes'' du président», chronique du 2 janvier 2018), il brocarde, à partir d'un tweet ironique («vive Bouteflika... on va voir les réactions»), la communication officielle, la servilité, l'avidité et l'hypocrisie d'une cour qui, forcément, ne peut être que le reflet de son monarque. Oui, plus le monde est fou, plus il est curieux. Le philosophe a pu observer aussi la chose suivante : «(...) à voir des affaires se faire sans science des affaires, que faudrait-il déduire, sinon l'escroquerie, la rapine et la diablerie» (chronique «L'espoir» du 4 janvier 2019). Dans cette dernière chronique, l'auteur fait remarquer que l'espoir de lendemains qui chantent peut se situer, entre autres et «tout simplement dans l'égalité devant la loi, le droit pour tous et le devoir à partager». Car, «enfin, le peuple aspire à un bonheur constitutionnel, une joie institutionnelle, une mutation du régime, et surtout un nouveau personnel en charge de lui offrir des sourires, de l'espoir et du bon rêve. C'est l'unique caractéristique rêveuse dont fait montre l'esprit éternellement chevaleresque du peuple algérien, c'est qu'il ne tire pas sur les ambulances, il ne réprimande pas les stationnés au poste de l'agonie et sait attendre».
A lire les articles introductifs à l'entame du Hirak (les 12 chroniques du chapitre 1 intitulé «Le prélude et l'agonie»), on se rend compte à quel point ces textes acquièrent de valeur et de sens rétrospectifs. Les signes avant-coureurs, additionnés, permettent de se projeter vers la suite (la marche dialectique) des évènements. C'était «Le dernier quart d'heure» (chronique du 10 janvier 2019) et ceux qui tablaient sur le cinquième mandat, chefs et apprentis des temps nouveaux, n'avaient jamais appris «qu'une poignée d'abeilles vaut mille colonies de mouches».
Les six chapitres suivants rassemblent les chroniques publiées du 24 février 2019 au 19 janvier 2020. El Yazid Dib use d'un ton toujours aussi ferme et aussi vif pour proposer, cette fois encore plus largement et plus finement, des espaces de résistance par l'ironie et des espaces de contre-pouvoir. Encyclopédie donc (voire≈ même essai), ainsi que pamphlet que tous ces articles d'actualité où l'auteur donne des renseignements et des faits, mais aussi excelle dans l'humour, l'observation, le mordant, la délicatesse, la clarté du style et des idées. Quel bilan faire aujourd'hui, un an après, maintenant qu'il n'y a «plus de fakhamatouhou, plus de cadre ni de longs applaudissements en posture debout» ? Le rideau sur la scène est tombé. Fin du premier acte. «Le défi et l'incertitude» (titre du dernier chapitre) préfigurent la suite. Et de citer Emile Cioran pour illustrer des interrogations légitimes tout en concluant sa chronique (la chute) : «Si on ne s'estime pas investi d'une mission, exister est difficile ; agir, impossible» (chronique du 18 décembre 2019 : «Tebboune, une présidence difficile»). Dans la dernière chronique intitulée «Tebboune, les grands chantiers» (16 janvier 2020), El Yazid Dib porte un regard décalé sur certains «chantiers» engagés. A la fin, pourtant, la rapidité dans l'esprit lui fait rappeler le leitmotiv du chroniqueur : «Comme toujours, gardons à l'œil et au doigt l'espoir et la vigilance !»
Hocine Tamou
El Yazid Dib, Le soulèvement d'un peuple ou la révolution d'une génération, éditions Dar El Houda, Aïn M'lila 2020, 210 pages.


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