La fraude a déjà commencé, selon le FFS, qui confirme sa participation, sans “alliance”, aux élections partielles. Sitôt confirmée sa participation au scrutin des partielles prévues le 24 novembre prochain en Kabylie, le Front des forces socialistes (FFS) a lancé jeudi dernier des accusations pour le moins gravissimes contre le Chef de gouvernement Ahmed Ouyahia. Selon la formation d'Aït Ahmed, l'administration locale s'emploie depuis quelques jours dans la confection des listes au profit du RND. “Les prochaines élections ne sont pas à l'abris d'une OPA frauduleuse des autorités et nous avons des preuves de l'implication de l'administration dans la confection des listes au profit du RND”, a accusé le porte-parole et chargé à la communication, Karim Tabbou, lors d'un point de presse animé à l'issue du conseil national extraordinaire tenu à Alger. Un conseil au cours duquel le parti a entériné, “à l'unanimité”, après avoir écouté les rapports de synthèse des conseils fédéraux, le principe de la participation. “Des chefs de daïra invitent, au motif de la concertation, des imams, des associations, des entrepreneurs et leur proposent de constituer des listes indépendantes ou au profit du RND en leur promettant de prendre en charge toutes leurs préoccupations”, a-t-il encore accusé. Même le choix de la date n'est pas, selon lui, fortuit, en ce sens que les élections interviennent au lendemain du mois sacré de Ramadhan, une aubaine pour les autorités afin de mener “la campagne du couffin”. Des agissements, en somme, que le FFS inscrit dans la volonté du pouvoir de reconfigurer la région de Kabylie à travers “des réseaux mafieux”. Ceci dit, en dépit de la “fraude massive annoncée” dont la “machine sera huilée” à l'occasion du référendum du 29 septembre sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale, le FFS entend reprendre ce dont il s'estime injustement spolié. “Nous serons sur le terrain et si jamais une APC est prise par la fraude, le pouvoir assumera les conséquences”, met en garde Karim Tabbou. Et comme attendu, le FFS a décidé de se lancer dans la bataille en solitaire. L'invitation lancée par le leader du RCD sur le plateau de BRTV à la constitution de listes communes avec son éternel “frère ennemi” a été rejetée. “Il n'y aura aucune forme d'alliance politique (…). Nous sommes un parti sérieux. Qu'on ne vienne pas nous demander des listes communes après avoir soutenu la violence et les archs”, a justifié Tabbou avant d'ajouter que “ceux qui surfent sur le sentiment de la fraternité sachent que nous faisons de la résistance pour que la région ne soit pas soumise”. “Ceux qui veulent se racheter se trompent de société”, a t-il encore dit. Le FFS a-t-il reçu une proposition dans ce sens ? “Ni officielle, ni officieuse”, a affirmé le porte-parole du FFS. Autre point discuté lors du conseil extraordinaire : le référendum du 29 septembre prochain. Sur ce registre, la formation d'Aït Ahmed a réitéré son opposition au motif qu'il n'y a pas de réconciliation sans vérité et justice. “La réconciliation exige l'engagement d'un vrai processus politique avec les forces représentatives et la prise de mesures urgentes dont la levée de l'état d'urgence et la levée des entraves aux syndicats autonomes, à la presse et aux partis politiques et aux associations”. “Les Algériens doivent connaître la vérité et la réconciliation ne doit pas se limiter à son aspect sécuritaire”, a expliqué Tabbou. Et là aussi, Ouyahia a eu pour son grade. “Pour nous, il n'y a pas de différence entre Ouyahia et Layada”. “Chacun devra répondre devant la justice”. Selon le FFS, la réconciliation “n'a aucune force juridique sur le plan international” et ne procure aucune immunité à ceux qui sont responsables de crimes contre l'humanité. Comme pour défier le pouvoir, il annonce que la vraie campagne pour la vérité commencera le 30 en référence à une disposition contenue dans la charte, laquelle interdit à quiconque d'utiliser la tragédie écoulée. Il reste cependant que la mission n'est pas aisée puisque le FFS, selon Tabbou, est interdit de tenir ses meetings pour le boycott de la consultation référendaire. “Même un propriétaire d'une salle privée nous a dit qu'il craignait des représailles”, a révélé Tabbou. Aït Ahmed à propos de la charte “Je la rejette globalement et dans le détail !” C'est la réponse du berger à la bergère : dans un message adressé au conseil extraordinaire du FFS, le leader du parti Hocine Aït Ahmed a indiqué qu'il rejetait la charte pour la paix et la réconciliation nationale soumise à référendum le 29 septembre “globalement et dans le détail”. Cette célèbre phrase a été utilisée par les autorités, l'on se souvient, pour dénoncer le contrat de Rome de 1995, lequel avait réuni sous les hospices de la communauté catholique de Sant'Egidio les partis du FLN, du FFS, du PT, Djaballah et le FIS dissous et qui préconisait déjà… la réconciliation. Un rejet qui avait donné lieu à l'époque aux fameuses marches… “spontanées” à travers le territoire national. “El-Fahem yefhem”, a ironisé Aït Ahmed. Par ailleurs, il a estimé à propos des élections partielles, que ne pas y participer “c'est faire le jeu du pouvoir dont la stratégie est de couper le FFS de l'osmose permanente qu'il avait établie avec les populations de la région”. Aït Ahmed, qui annonce qu'il fera des sorties médiatiques dans les prochains jours, a procédé en vertu du règlement intérieur du parti à la reconduction de Ali Laskri en tant que premier secrétaire du parti. KARIM KEBIR