Alors que très peu de commerces concernés par la reprise d'activité ont répondu présent, l'informel a, lui, repris de plus belle. La levée depuis hier des restrictions induites par les mesures de confinement sanitaire ne semble pas amorcer une véritable relance de l'activité économique et commerciale. Le respect strict des mesures de prévention et des gestes barrières en tant qu'exigence du déconfinement envisagé bat de l'aile. Très peu de commerces concernés par la reprise d'activité, dimanche, ont répondu présent. Paradoxalement, l'informel a, lui repris de plus belle. À la rue Didouche-Mourad (ex-rue de France), hormis les marchands de tissus, merceries et quelques bijoutiers qui avaient déjà repris leurs activités, rares sont les magasins qui ont rouvert au moment où les étals des marchands à la sauvette ont réinvesti la voie publique. Un même spectacle qui s'offre aux regards dans les entrailles de la vieille ville où la majorité des rideaux sont restés baissés. Saïd, marchand de tissu à Rahbat Essouf, explique cette "démission" des commerçants par l'absence des moyens de transport. "Les boutiquiers eux-mêmes autant que la plupart des clients sont tributaires des transports. À quoi bon rouvrir son magasin s'il n'y a pas d'acheteurs. Cela fait trois mois que nous chômons. Nous avons souscrit à toutes les mesures de prévention contre la propagation du coronavirus car il y va de la préservation de la santé publique. Hélas, nous constatons que les arrangements préconisés par les pouvoirs publics encouragent le commerce informel au détriment des contribuables honnêtes." Pour lui, "seul un retour à l'activité normale des transporteurs est à même de redynamiser le commerce et l'économie en général". Mêmes les fast-foods concernés par la réouverture pour la vente de repas à emporter sont restés majoritairement fermés. Certains s'attelaient encore aux opérations de nettoyage. "Rouvrir pour qui ?" s'interroge Tarek, gérant d'un fast-food qui a pignon sur rue au centre de Constantine, en montrant l'artère quasi vide. Lui aussi plaide pour un retour de l'activité de transport. "Trois de mes employés habitent la nouvelle ville Ali-Mendjeli, je ne les ai plus revus depuis le début du confinement et je ne peux pas exiger d'eux de prendre des risques avec des taxis clandestins", dira-t-il. Le problème de transport plombe aussi la reprise des travaux dans les différents projets du BTPH en cours, notamment à l'extension ouest de la nouvelle ville Ali-Mendjeli qui demeure un immense chantier à ciel ouvert. En effet, rares sont les entreprises qui prennent à leur charge le transport des travailleurs. Les quelques ouvriers présents sur les différents sites se plaignent de recourir quotidiennement aux services des transporteurs clandestins dans les conditions sanitaires que l'on sait. "Même présents, nous nous contentons d'exécuter des petites tâches. C'est tout ce que nous pouvons faire en l'absence de la majorité des effectifs à cause de l'absence de moyens de transport", témoigne Tahar, un conducteur d'engins dans un chantier de logements promotionnels. Aussi, que ce soit dans les commerces ouverts au centre-ville de Constantine, les marchés de fruits et légumes ou encore dans les chantiers, le respect rigoureux des gestes barrières et mesures de prévention contre la propagation du virus en ce premier jour de déconfinement graduel annoncé, demeure le talon d'Achille de la lutte contre le Covid-19.