Grâce au don, l'association et les designers, impliqués dans l'opération, sont parvenus à livrer quelque 300 masques équipés de valves aux hôpitaux dans 33 wilayas. Plusieurs patients, hospitalisés au service de réanimation dédié aux formes graves de la Covid-19 au CHU Frantz-Fanon de la wilaya de Blida, portent des masques de plongée aux couleurs vives : bleu, rose, rouge, vert…. "Grâce à cette technique, nous avons pu fêter notre 100e sortie de malade en état très sévère, le premier jour de l'Aïd", explique Fahed Chater, médecin-réanimateur, amusé par notre regard perplexe. À l'affût de la moindre information relative à la prise en charge des patients affectés par le coronavirus, lui et ses collègues ont appris, au hasard d'une navigation sur internet, que des praticiens italiens, submergés par le nombre important de malades en détresse respiratoire conduisant au débordement des structures de santé, ont réussi, avec le concours d'une société spécialisée dans la 3D, à transformer le masque de Snorkeling (balade aquatique palmée) en respirateur grâce à l'ajout d'une valve. Cette technique,non invasive permet, en sus,de fournir une respiration assistée à plusieurs malades avec un seul respirateur. Ne cherchant guère le profit pécuniaire dans cette crise sanitaire, ladite entreprise italienne a mis en ligne le protocole d'adaptation des fameux masques. Les réanimateurs du CHU de Blida ont lancé, via les réseaux sociaux, des alertes à don de masques de plongée et recherche de designers 3D. L'appel a trouvé un écho du côté des membres de l'association Recifs (Recherches, Informations et Formations subaquatiques) de Tamentfoust. Ces derniers se sont attelés à capter les financements (3 000 à 7000 DA le prix du masque et 4 500 à 10 000 DA pour les consommables), et à organiser la logistique. Mehdi, un plongeur-designer 3D, investi déjà dans la fabrication des visières de protection en 3D offertes au personnel soignant, rejoint l'action. Des donateurs offrent deux imprimantes 3D, des masques et des consommables. Le comité scientifique de Recifs a sollicité, en parallèle, les universités et les centres de recherche disposant des équipements requis (USTHB, centre universitaire de Médéa, Centre de développement des technologies spatiales…). Dès l'entame du mois d'avril, marqué par des pics de l'épidémie virale, l'association sus-citée dote, en masques de ventilation non invasive, les CHU de Blida et d'Alger, puis les hôpitaux de Tipasa, de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de Jijel, de Skikda, de Saïda et d'Ouargla. Au fur et à mesure qu'elle recevait des dons, Recifs est parvenue à livrer jusqu'à 300 masques équipés de valves dans 33 wilayas. "Il faut quatre heures pour imprimer une valve. C'est énorme. Nous fournissons trois valves par masque pour faciliter l'usage et la désinfection. Ces derniers temps, par manque de temps et d'argent, nous imprimons une valve par masque. Heureusement que la demande a baissé à 2 masques par jour", relève Mehdi. Les Algériens ont donné à cet accessoire, appelé en Europe Charlotte, un nom local : Messaouda. "En fait, c'est le prénom féminin s'est imposé à l'appellation du message que nous avons voulu empreindre la valve, soit Mes-3DA, qui veut dire Espoir-Santé-3D Algérie", explique le jeune homme. Les médecins du service de réanimation du CHU Frantz-Fanon de Blida, là où l'opération a démarré, comptent des dizaines de malades guéris grâce à la VNI.