S'il réitère l'engagement des autorités pour un large débat, le porte-parole de la présidence de la République a rappelé que le discours sur l'identité nationale était, en revanche, définitivement clos. Pour tenter d'élargir le débat à d'autres acteurs politiques, la présidence de la République a décidé de repousser les délais initialement fixés pour les débats sur la révision de la Constitution. L'annonce a été faite, hier à Alger, par Belaïd Mohand-Oussaïd, porte-parole de la présidence de la République, lors d'une conférence de presse. Dans son argumentaire, le porte-parole de la présidence de la République a expliqué cette décision obéit à la nécessité d'élargir le débat "sur demande de partis politiques et d'associations". Mais cela ne signifie pas que la présidence de la République n'est pas satisfaite des débats. Pour Belaïd Mohand-Oussaïd, en dépit des mesures de prévention contre la Covid-19 limitant la liberté de circulation et de réunion, le débat que connaît le pays actuellement "confirme le besoin intense du pays d'une Constitution consensuelle" qui jette les fondements d'une nouvelle ère "trans-mandats présidentiels" et "non une Constitution sur mesure pour des personnes ou des partis". Pour les promoteurs de la révision constitutionnelle, la prorogation des débats, prévus initialement jusqu'au 15 juin, devait "être raisonnable". "Nous devons gagner du temps", a encore insisté le porte-parole de la présidence de la République. "Le but étant de parvenir à une Constitution qui soit le fruit d'un consensus national le plus large possible répondant à la nécessité impérieuse et urgente pour le pays de se doter d'institutions véritablement élues sous la bannière de la Déclaration du 1er Novembre 1954 pour édifier la nouvelle République en consolidation des trois composantes de l'identité nationale : l'islam, l'arabité et l'amazighité", a-t-il encore ajouté. Identité : le débat est clos S'il réitère l'engagement des autorités d'enregistrer un large débat, "ouvert à tous, y compris des extrémistes", le porte-parole de la présidence de la République a rappelé que le discours sur l'identité nationale était définitivement clos. Il fustigera, d'ailleurs, ceux qui insistent sur la religion dans les débats télévisés sur la question. Ceux qui soulèvent des débats sur la religion à la télévision sont dans "une provocation flagrante" des sentiments des citoyennes et citoyens. Car, le peuple algérien "a été musulman, il l'est aujourd'hui et le sera pour toujours, et les experts de la zizanie et de la division qui désirent dévier les regards actuellement fixés sur l'édification de la véritable démocratie ne verront guère leur rêve s'exaucer", a-t-il asséné. Il a rappelé que le dossier sur cette question est clos et qu'"il n'a jamais été question de débattre de la question des composantes de l'identité dans la mouture de la Constitution, d'ailleurs qualifiées d'indiscutables et classées par le président de la République à diverses occasions". Puis, l'homme s'en prendra à certains contradicteurs qui "n'ont même pas lu le texte" de la révision constitutionnelle avant de se prononcer sur le sujet. Interrogé sur l'absence des éléments du Pacte pour une alternative démocratique (PAD) des débats, Belaïd Mohand-Oussaïd a rappelé que les portes "restent toujours ouvertes" à ceux qui veulent débattre. "Ceux qui se sont exclus des débats assument leurs responsabilités", a-t-il ajouté. De toute façon, les propositions de la commission Laraba sont "ouvertes aux rajouts, aux suppressions et aux modifications". Sur le timing de l'adoption de la nouvelle loi fondamentale, le porte-parole de la Présidence a indiqué que cela dépendait des débats.
Ali BOUKHLEF Tebboune ne créera pas de parti politique Le porte-parole de la présidence de la République a nié l'intention du chef de l'Etat de créer un parti politique ou de s'identifier à une quelconque formation politique. Belaïd Mohand-Oussaïd, qui s'exprimait hier devant des journalistes algériens, a nié "l'intention du président de la République de créer un parti politique. Il a exprimé cela dans sa première conférence de presse" qui a suivi son élection à la présidence de la République, a-t-il rappelé. Pour lui, Abdelmadjid Tebboune restera "le président de tous les Algériens" et ne compte pas créer non plus une formation politique à l'occasion des prochaines élections locales ou nationales. Belaïd Mohand-Oussaïd a confirmé, à cette occasion, que le chef de l'Etat s'était engagé à "étudier" la libération de certains détenus politiques (donc Karim Tabbou et Samir Benlarbi) dans le respect "du principe de la séparation des pouvoirs et de l'indépendance de la justice". Il confirme ainsi les propos tenus la semaine dernière par le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali. "Cela entre dans le cadre de l'ouverture du dialogue entrepris par le président de la République", s'est encore vanté le porte-parole de la Présidence. "Le président de la République a toujours prôné un dialogue raisonnable et il y tient toujours", a encore précisé Belaïd Mohand-Oussaïd qui s'en prend "aux résidus" de l'ancien système qui "colportent de fausses informations" sur les autorités.
A. B.
"Nos relations avec la France sont bonnes" Malgré la crise diplomatique née de la diffusion d'un documentaire sur la chaîne publique française France 5, les relations entre l'Algérie et la France "sont bonnes", a indiqué le porte-parole de la présidence de la République, qui s'est référé à la dernière communication téléphonique entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune. "Les intentions du président Emmanuel Macron envers notre pays sont bonnes", a attesté le porte-parole de la présidence de la République qui accuse, en revanche, d'autres parties et des "lobbies" de "vouloir saborder" les relations entre les deux pays. "Il y a des lobbies en France et des pays de la région" qui "ne voient pas d'un bon œil" les relations entre les deux pays. Mais "au lieu de s'occuper à attaquer d'autres pays, l'Algérie oriente ses efforts vers le développement de sa population", a encore ajouté Belaïd Mohand-Oussaïd. La présidence de la République a confirmé avoir demandé aux autorités marocaines de retirer leur consul à Oran après ses déclarations polémiques sur l'Algérie qu'il qualifiait de "pays ennemi". "Nous avons demandé son départ. Son comportement était prévisible. Nous avons découvert que c'est un agent des services de renseignements marocains qui a été désigné consul à Oran pour d'autres raisons", a indiqué Belaïd Mohand-Oussaïd qui ajoute que "l'incident est clos". Au sujet de la Libye, le porte-parole de la présidence de la République estime que "la proposition algérienne" portant sur un dialogue inter-libyen était toujours "valable". "L'Algérie, de par sa position, est le seul pays qui peut servir de trait d'union" entre les différents belligérants de la crise libyenne, a précisé Belaïd Mohand-Oussaïd. "Nous sommes convaincus que tous les autres pays concernés par ce conflit vont finir par adopter la position algérienne, parce que c'est la plus juste", a-t-il insisté.