La Turquie a vivement rejeté mardi soir les critiques "inacceptables" de la France sur son soutien armé au gouvernement de Tripoli en Libye, accusant Paris de faire "obstacle à la paix" en appuyant le camp adverse. En Libye, Ankara soutient le Gouvernement d'union libyen (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par les Nations unies, face aux forces dissidentes de Khalifa Haftar, soutenu notamment par la Russie, l'Egypte et les Emirats arabes unis. La France, bien qu'elle s'en défende publiquement, est également accusée de soutenir Haftar. "Le principal obstacle à l'établissement de la paix et de la stabilité en Libye, c'est le soutien apporté par la France et d'autres pays à Haftar", a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué, qualifiant les critiques françaises d'"inacceptables". "Le soutien apporté par la France au putschiste Haftar a aggravé la crise en Libye (...) et renforcé les souffrances du peuple libyen", a ajouté le ministère, accusant Paris d'être le "sous-traitant de certains pays de la région", une allusion aux Emirats et à l'Egypte. Ces échanges virulents risquent de tendre un peu plus les rapports entre Ankara et Paris, deux alliés au sein de l'Otan dont les relations se sont dégradées depuis 2016. Lundi, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a condamné "le soutien militaire croissant" de la Turquie au GNA en "violation directe de l'embargo des Nations unies". La veille, la présidence française avait déjà dénoncé un interventionnisme "inacceptable" de la Turquie et assuré que Paris ne pouvait "pas laisser faire". Depuis le soutien militaire turc aux forces loyales au GNA, ce dernier a reconquis plusieurs villes du pays alors sous le contrôle des troupes de Khalifa Haftar. Ce dernier est accusé d'avoir semé la terreur dans le pays en multipliant les crimes de guerre. Plusieurs ONG ont appelé l'ONU à mener des enquêtes sur des "charniers" découverts dans la ville de Tarhouna notamment. Mardi, l'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a réclamé une enquête d'urgence sur de possibles "crimes de guerre", perpétrés par les troupes du général Haftar. K. B./Agences