Les forces du maréchal Haftar intensifient les bombardements pour accélérer la chute de Tripoli avant l'arrivée des soldats turcs. Les troupes du général à la retraite Khalifa Haftar poursuivent leur offensive sur l'ouest de la Libye, en s'emparant hier soir de Syrte, la ville natale du défunt guide libyen Mouammar Kadhafi, a annoncé son porte-parole, Ahmed al-Mesmari à la télévision Al-Hadath. Située à 450 km à l'est de la capitale libyenne, "Syrte a été totalement libérée (...) des groupes terroristes", a annoncé Ahmed al-Mesmari, porte-parole des forces pro-Haftar, allusion aux forces rivales du gouvernement d'union nationale de Fayez al-Serraj, internationalement reconnu. En milieu d'après-midi, M. Haftar avait affirmé avoir pris le contrôle de l'aéroport d'Al-Gordabiya, dépendant de la même ville de Syrte, qui était un des fiefs de la branche libyenne de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI/Daech), avant sa décapitation par les forces du GNA en décembre 2016. Cette victoire de Khalifa Haftar intervient à un moment précis de la guerre libyenne, marquée par le vote jeudi dernier par le Parlement turc d'une résolution autorisant Ankara à déployer ses forces en Libye, en soutien au GNA. Hier, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé l'envoi imminent des troupes turques en Libye, dont la mission sera entre autres de servir de conseillers et d'entraîner les soldats du GNA. Ce déploiement entre dans le cadre d'un accord conclu entre Ankara et le GNA fin décembre dernier, entraînant une montée de tension en Libye et provoquant un tollé international contre la Turquie, accusée d'ingérence dans ce pays voisin et d'attiser le feu en Libye. Visiblement pris de panique, Khalifa Haftar veut accélérer la cadence dans l'intention de prendre le contrôle de la capitale Tripoli, où siège le GNA de Fayez al-Sarraj, depuis début 2016, après la signature de l'accord de paix onusien à Skhirat le 17 décembre 2015. Dans un discours jeudi soir, Haftar a appelé ses troupes à une "grande mobilisation" et au "jihad", en réaction au vote des députés turcs, majoritairement acquis au pouvoir d'Erdogan. Le général à la retraite, bras armé des autorités parallèles de l'Est libyen, bénéficie du soutien de l'Egypte, des Emirats arabes unis, de la Jordanie et de l'Arabie saoudite, mais aussi du laxisme de la France et des autres alliés européens, américain et russe, qui n'arrivent pas à s'entendre sur une position commune sur le conflit libyen. Ces divisions de la communauté internationale sont le résultat de différence d'agenda de certains pays en Libye et de luttes géopolitiques, dont les conséquences sont aujourd'hui visibles en Libye, comme cela est aussi le cas en Syrie, en Irak et au Yémen, pour ne citer que ces pays qui connaissent l'instabilité depuis le début de ce qui est communément appelé le Printemps arabe. Aujourd'hui, cette ingérence étrangère est de plus en plus flagrante et contraste avec le discours politique des pays impliqués appelant à favoriser le dialogue politique.