Le porte-parole de l'armée nationale libyenne, le général Ahmad al-Mesmari, a accusé Ankara d'intervenir "dans la bataille de façon directe : avec ses soldats, ses avions et ses navires par la mer". Le maréchal Khalifa Haftar a donné l'ordre à ses forces de prendre pour cible les navires et intérêts turcs et d'interdire les vols depuis et vers la Turquie. L'annonce a été faite vendredi soir par le général Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l'armée, que dirige le maréchal Haftar. "Des ordres ont été donnés aux forces aériennes pour prendre pour cible les navires et embarcations turcs dans les eaux territoriales libyennes", a affirmé le général Ahmad al-Mesmari, en lisant un communiqué devant les journalistes. "Les sites stratégiques turcs, les compagnies et les projets appartenant à l'Etat turc (en Libye) sont considérés comme des cibles légitimes par les forces armées", a-t-il souligné, avant d'ajouter que "tout ressortissant turc sur les territoires libyens sera arrêté" et que "tous les vols depuis et vers la Turquie seront interdits". Il y a lieu de signaler que des compagnies libyennes assurent des liaisons avec la Turquie depuis les aéroports de Tripoli et Misrata. Le général al-Mesmari n'a toutefois pas expliqué comment l'armée du maréchal Haftar compter interdire les vols des avions turcs dans une zone qui n'est pas sous le contrôle de ses forces. À noter que les vols de Turkish Airlines vers ce pays sont interrompus depuis janvier 2015 "pour des raisons de sécurité". Accusant Ankara d'intervenir "dans la bataille de façon directe : avec ses soldats, ses avions et ses navires par la mer", le général al-Mesmari affirme que des approvisionnements en armes et munitions arrivent directement aux forces du GNA via la Méditerranée. Il a également accusé la Turquie d'avoir aidé les forces du GNA à s'emparer de la ville de Gharyan, principale base arrière des forces de Haftar, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli. Son armée a perdu mercredi cette ville dont il avait fait son centre d'opérations et d'où il était parti le 4 avril à la conquête de la capitale libyenne, à plus de 1 000 km de son bastion de Benghazi. Rappelons que maréchal Haftar s'est lancé depuis près de trois mois à la conquête de Tripoli, accusant la Turquie de soutenir ses rivaux loyaux au Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale et basé dans la capitale libyenne. Les deux camps rivaux s'accusent mutuellement de recourir à des mercenaires étrangers et de profiter du soutien militaire de puissances étrangères. Haftar bénéficie notamment de l'appui des Emirats arabes unis et de l'Egypte, et accuse la Turquie et le Qatar de soutenir ses rivaux. La Turquie maintient de bonnes relations avec le GNA. Elle est un des rares pays à avoir rouvert son ambassade à Tripoli depuis la fermeture des représentations diplomatiques en 2014 en raison des violences. Les deux pays entretiennent par ailleurs de bonnes relations commerciales. Des entreprises turques avaient remporté du temps du dirigeant Mouammar Kadhafi plusieurs contrats en Libye, notamment dans les domaines des services, des infrastructures, de l'immobilier et des hydrocarbures.