Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, hier à Alger, le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d'entente nationale de l'Etat libyen, Fayez al-Sarraj, en visite de travail à Alger, à la tête d'une importante délégation, selon un communiqué de la présidence de la République. La visite de M. al-Sarraj, qui doit durer une journée, s'inscrit "dans le cadre des efforts de l'Algérie pour trouver une solution pacifique à la crise libyenne". Le porte-parole de la Présidence, Mohand Oussaïd Belaïd, avait réaffirmé le 9 juin dernier que l'Algérie voulait "jouer un rôle de médiateur afin de rassembler les parties" en conflit en Libye tout en restant "neutre". La Libye est déchirée depuis 2015 entre deux pouvoirs rivaux : le gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir parallèle, incarné par l'homme fort de l'Est, le général Khalifa Haftar. L'Algérie, qui partage près de 1 000 km de frontière avec la Libye, est soucieuse de rester à "équidistance" des deux belligérants et rejette "toute ingérence étrangère", ont affirmé les autorités. Alger multiplie depuis plusieurs mois les actions diplomatiques en faveur de la restauration de la paix dans un pays miné par 9 ans de conflit interlibyen, avec, en sus, des interventions étrangères dont les conséquences n'on t fait qu'enfoncer le pays dans le chaos. Pour Alger, la solution ne peut être que politique, en privilégiant notamment la voie de la concertation et du dialogue inclusif. La semaine dernière, le chef du Parlement basé à Tobrouk, dans l'est de la Libye, Aguila Saleh, était également venu à Alger où il a rencontré le président Tebboune. Il avait alors déclaré que le président algérien "fera de son mieux pour réunir les Libyens" afin de dialoguer "en vue d'une solution en accord avec les résultats de la conférence de Berlin" en janvier. Invité au sommet de Berlin, le président Tebboune avait proposé d'héberger à Alger un "dialogue" interlibyen. Les forces du GNA, soutenues militairement par la Turquie, ont multiplié ces dernières semaines les succès militaires, en chassant les forces du général Haftar de l'Ouest libyen. Même les soutiens égyptien, russe et émirati n'ont pas été d'un grand apport pour Haftar dont la chute semble inéluctable. La visite de M. al-Sarraj en Algérie intervient, en outre, au moment où la Turquie a annoncé, hier, conditionner tout cessez-le-feu en Libye par le retrait pur et simple des forces pro-Haftar de la ville stratégique de Syrte et le retour aux résolutions de l'accord de Skhirat (Maroc) en 2015. Vendredi dernier, le GNA a annoncé, par ailleurs, qu'il boycotterait la réunion de la Ligue arabe, à l'initiative de l'Egypte, soutenant qu'il n'a pas été consulté préalablement et qu'une réunion "par visioconférence n'est pas appropriée pour évoquer des dossiers épineux qui nécessitent des discussions et des échanges approfondis".