Les dirigeants du mouvement de contestation M5 ont estimé que les envoyés de la Cédéao n'avaient pas tenu compte de la crise du Mali, à savoir la mauvaise gouvernance, la corruption et la violation des principes démocratiques dont le président IBK est "le seul responsable". Le mouvement de contestation malienne M5, dirigé par l'imam Mohamed Dicko, à l'origine d'une protestation massive au Mali depuis le 5 juin, a rejeté samedi soir l'offre de sortie de crise proposée par des médiateurs ouest-africains et consistant en la mise en place d'un gouvernement d'union nationale. Les dirigeants de cette contestation ont par ailleurs réitéré leur demande de démission du chef de l'Etat, Ibrahim Boubakar Keita, tenu pour responsable de la situation explosive du pays sur le double plan sécuritaire et socioéconomique. "Dans les circonstances actuelles, aucun gouvernement, même ‘d'union nationale', dont le M5-RFP n'est ni demandeur ni preneur, ne saurait résoudre les problèmes du Mali", a affirmé dans un communiqué le mouvement contestataire, qui prône une "refondation" du Mali. "Aussi, le M5-RFP réitère sa demande de démission du président Ibrahim Boubacar Keïta et (de) son régime", selon le même document. À l'appel du "Mouvement du 5 juin" (M5-RFP), coalition hétéroclite dont la figure emblématique est l'influent imam Mahmoud Dicko, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi dernier à Bamako pour réclamer le départ immédiat du chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2013. Au soir de cette manifestation, les chefs de la diplomatie du Niger, du Nigeria et de la Côte d'Ivoire, en mission de bons offices au Mali au nom de l'organisation régionale Cédéao, ont évoqué la "nécessité" de mettre en place un "gouvernement consensuel d'union nationale", une option à laquelle le président Keïta a récemment ouvert la voie. Ils prônaient également l'organisation d'élections législatives partielles dans des circonscriptions où une intervention de la Cour constitutionnelle a été favorable au camp du président Keïta, ce qui avait suscité la colère de l'opposition. Leurs efforts de médiation ont reçu samedi le "plein soutien" du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Mais le M5-RFP a estimé que les envoyés de la Cédéao n'avaient tenu "aucunement compte de la source de tous les maux et de toutes les crises du Mali, à savoir la mauvaise gouvernance, la corruption et la violation des principes républicains et démocratiques dont le président Ibrahim Boubacar Keïta est le seul et unique responsable". Il dénonce également la "totale illégalité" d'éventuelles élections partielles et souligne sa "détermination à mettre en œuvre tous les moyens légaux et légitimes" pour obtenir le départ du Président, "qui seul peut aujourd'hui sauver le Mali".