Sévèrement touchée par le coronavirus, Aïn Témouchent a beaucoup souffert de la crise sanitaire. Son maire loue "le degré de prise de conscience des citoyens, dans la mesure où ils n'ont ménagé aucun effort à assumer le rôle qui leur a été dévolu, notamment lorsqu'il s'agissait de volontariat". Liberté : Comment votre commune a-t-elle fait face à la pandémie de coronavirus ? OURED OMAR : Sincèrement, dès que nous avons reçu les instructions des pouvoirs publics pour encadrer les opérations engagées dans la lutte contre le coronavirus, nous nous sommes démenés pour canaliser toutes ces énergies tout en veillant à faire en sorte d'amortir les conséquences aussi bien sur le plan sanitaire que social subies par nos concitoyens, particulièrement pendant la période de confinement. La lutte engagée n'a pas été de tout repos en raison des difficultés rencontrées sur le terrain, notamment lorsqu'il s'agissait de mettre les moyens adéquats. Nous avons commencé par installer la cellule de crise composée de médecins et des représentants des services d'hygiène, de la Protection civile, des services de sécurité, de l'environnement et des imams afin de maîtriser la situation, sauf que nous nous sommes trouvés confrontés au problème des moyens humains surtout dans la mesure où, Dieu merci, sur le plan des moyens financiers je ne me suis pas plaint, vu que Mme la wali nous avait alloué, dès le début de cette crise, deux subventions, l'une destinée à l'acquisition des produits désinfectants et d'hygiène et l'autre pour l'acquisition des équipements (lunettes, masques et tenues de protection) au profit du personnel du service d'hygiène et de nettoiement mobilisé dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus, en plus de l'enveloppe dégagée par le budget communal. Les citoyens de votre commune se sont-ils impliqués dans la lutte contre le virus et quel a été leur rôle ? Au sujet de l'implication de mes concitoyens dans la lutte contre le virus, là aussi je vais vous surprendre en affirmant ma satisfaction quant à leur degré de prise de conscience, dans la mesure où ils n'ont ménagé aucun effort pour assumer le rôle qui leur a été dévolu, notamment lorsqu'il s'agissait des opérations de volontariat menées en direction des familles nécessiteuses et celles qui ont été impactées par les conséquences du confinement, avec la distribution des couffins et des opérations de désinfection en prêtant main-forte aux agents communaux de nettoiement, nonobstant les larges campagnes de sensibilisation qui ont touché tous les quartiers et même les fermes avoisinantes. Sur ce dernier point et depuis la levée totale du confinement sanitaire, je me suis totalement investi auprès de la population pour lui inculquer la culture préventive et ne pas s'aventurer avec le relâchement et la perte des réflexes sur les mesures barrières, à l'image du port de masques ou la distanciation sociale, car faut-il le reconnaître, certains ne mesurent pas les risques de contamination de la pandémie. Le coronavirus est toujours là et les gens sont toujours en danger, même si on a décidé de lever le confinement, on continue toujours d'enregistrer de nouveaux cas. La pandémie a révélé des failles quant à la gestion de la crise au niveau local. Faut-il, à la faveur de cette crise, revoir le statut de la commune en la dotant de plus de pouvoirs ? Oui, effectivement, je reconnais que la gestion de la pandémie de coronavirus a montré quelques failles, et à mon avis c'est tout à fait normal. Les failles existent certes, dans la mesure où cette pandémie était inattendue et personne ne s'était préparé pour y faire face. Il faut ajouter à cela l'insuffisance du personnel, notamment avec la décision de libérer 50% de l'effectif dont les femmes enceintes et les personnes qui souffraient de maladies chroniques. Une situation aggravée par l'absence de moyens de transport qui nous a cloués après l'interdiction de la circulation. Pour maîtriser ce genre de situation à l'avenir, la révision du statut de la commune est devenue une nécessité absolue dans la gestion des affaires publiques. Même le mode de gestion est à revoir, notamment en ce qui concerne les prérogatives du conseil communal qui demeurent limitées, en plus de la lourdeur des procédures administratives qui plombent toute liberté d'initiative dans la prise de décision, laquelle devra être prise d'une façon collégiale sous le contrôle de la tutelle. Sauf que cette liberté devra être accompagnée par des textes réglementaires à même d'éviter les dérapages de certains élus malintentionnés. En clair, il faudra mettre des garde-fous pour contrecarrer toute dérive de certains élus. Et puis, l'administration doit avoir un droit de regard sur la gestion car s'agissant des deniers publics.
Comment voyez-vous votre commune après la pandémie ? Ma conviction est qu'il faut vivre avec et s'adapter à cette pandémie dont personne n'est en mesure de déterminer ni la fin ni le degré de son éradication, voire de sa propagation si certaines personnes continuent de faire fi des mesures de prévention. Cette pandémie a au moins le mérite de nous avoir enseigné de nous comporter autrement en matière d'hygiène et de prévention. Elle nous a appris à être solidaires dans les moments difficiles, alors qu'en parallèle, elle a montré aux pouvoirs publics que des compétences existent pour peu qu'on mette à leur disposition les moyens qu'il faut et leur faire confiance.