Au front depuis le début de la crise sanitaire, le président de l'Assemblée populaire communale de Annaba estime que sa collectivité s'est acquittée au mieux de sa tâche face à la pandémie, mais il estime indispensable d'ajuster les outils de gouvernance aux besoins des administrés. Liberté : Comment votre commune a-t-elle fait face à la crise de coronavirus ? Tahar Merabti : Cette pandémie nous a surpris comme tout le monde à son déclenchement, et nous ne savions pas comment l'appréhender à ce moment-là. Nous avons, d'emblée, pris en charge les mesures qu'il fallait, s'agissant des opérations de nettoiement et de désinfection des bâtiments publics et des aires communes. Deux missions qui nous incombent directement et qui ont été confiées par l'Assemblée aux membres de la commission permanente "santé, hygiène et protection de l'environnement", aidés en cela par ceux de la commission des affaires sociales, qui ont été sur tous les fronts depuis le début de la crise sanitaire. Je peux dire avec fierté que l'APC de Annaba s'est acquittée au mieux de sa pénible tâche, grâce justement à l'abnégation de ses membres et à l'engagement sans faille des bénévoles des comités de quartier, qui continuent jusqu'à aujourd'hui à se manifester sur le terrain. Nous n'avons à aucun moment manqué de moyens, qu'il s'agisse de produits désinfectants, d'équipements ou de matériels de transport, grâce aux généreux donateurs, qui ont couvert en grande partie les besoins de la commune. L'élan de solidarité manifesté à l'endroit des médecins et des paramédicaux par la CCI Seybouse, par exemple, a été formidable. Tout comme celui des personnels des centres de formation professionnelle qui ont contribué à la confection de bavettes. Les citoyens de Annaba se sont-ils impliqués dans la lutte contre le virus ? Quel a été leur rôle ? L'incrédulité des gens a été le plus gros problème que nous ayons eu durant ces trois derniers mois. Les habitants refusent de croire que le coronavirus est là dans nos rues, dans nos foyers et surtout qu'il est aussi terriblement contagieux et mortel. Nous devons reconnaître que malgré nos efforts et ceux de la Protection civile et des services de sécurité, nous n'avons pas réussi à sensibiliser comme il fallait les citoyens au danger de la Covid-19. Sur ce plan, le fatalisme l'a emporté, d'après moi, sur la raison, d'où le spectacle affligeant qu'offrent ces centaines de personnes de tous âges sur la voie publique défiant les consignes de confinement et négligeant le port de masque de protection. Le concours des associations a été, par contre, appréciable dans le cadre de la mobilisation des citoyens pour les opérations de nettoyage et d'embellissement des quartiers et des cités de la ville. Les comités de quartier se sont impliqués à fond dans la distribution des denrées alimentaires, de masques et de flacons de gel hydroalcoolisé. La pandémie a révélé des failles en matière de gestion de situation de crise au niveau local. Faut-il, à la faveur de cette crise, revoir le statut de la commune ? Il est évident qu'il faut adapter le code communal au volet prérogatives des élus à l'époque que nous vivons. La crise sanitaire, en l'occurrence, a mis à nu beaucoup de lacunes, et tout ce que nous pouvons dire pour l'instant c'est qu'il est indispensable d'ajuster les outils de gouvernance de la cité en fonction des besoins réels de nos administrés. Comment vous envisagez le devenir de votre commune après la pandémie ? Jeunes et vieux ont pris réellement à cœur de débarrasser leur environnement des ordures qui l'enlaidissaient, de peindre les façades et même de planter des arbres et des fleurs. Il n'y a qu'à faire un tour dans les vieux quartiers et dans les cités périphériques pour se rendre compte de l'évolution positive du civisme citoyen. Les Annabis veulent vraiment redorer le blason de leur ville, et nous ne pouvons que nous en réjouir en espérant qu'ils seront encore et toujours à nos côtés pour concrétiser cet idéal.