Foyer de coronavirus, la ville de Sétif a connu une période extrêmement difficile. Les locaux, en première ligne face à la crise, sont dépourvus de moyens et de compétences nécessaires pour assumer leurs tâches. Le maire de la commune estime urgent de donner plus de prérogatives aux élus locaux. Liberté : Comment votre commune a-t-elle fait face à la crise de coronavirus ? Mohamed Chérif Bourmani : Depuis l'apparition des premiers cas de coronavirus à Sétif, nous enchaînons les réunions du conseil de sécurité, présidé par le wali, M. Belkateb, pour s'enquérir davantage de la situation et, du coup, prendre les décisions adéquates qui permettent d'endiguer la propagation du virus. Au niveau de notre assemblée, nous avons mis le paquet pour faire face à la pandémie en déployant tous les moyens humains et matériels pour lutter contre le virus. Nous avons chapeauté les opérations de désinfection. Nos 964 agents ont tous été réquisitionnés pour la désinfection du CHU, des administrations publiques et des cités et quartiers de la ville. Le bureau d'hygiène communal travaille même les week-ends. Je peux vous dire qu'en matière de moyens, nous n'avons aucun problème. Cependant nous avons noté l'inconscience et l'insouciance chez une partie de la population, dont des adolescents, qui se caractérise notamment par le non-respect des gestes barrières dont la distanciation corporelle, le non-port du masque ainsi que le non-respect des heures de confinement. Les citoyens de votre commune se sont-ils impliqués dans la lutte contre le virus et quel a été leur rôle ? La wilaya de Sétif en général et notre commune en particulier sont connues pour les actions de volontariat tous azimuts. Je ne vous apprendrais rien si je vous disais que la plupart des opérations ont été menées conjointement avec la société civile et une cinquantaine d'associations de notre localité. Des jeunes universitaires dont de futurs médecins se sont, dès le mois de mars, mobilisés pour apporter leur contribution quant à la sensibilisation de la population, à la distribution des produits et moyens de protection individuelle. Les bienfaiteurs ont aussi puisé dans leur tirelire pour offrir des bavettes, du gel hydroalcoolique et autres produits. Des industriels implantés dans notre territoire et même ailleurs ont beaucoup aidé les structures sanitaires, dont le CHU, en équipements. La pandémie a révélé des failles en matière de gestion de situation de crise au niveau local. Faut-il, à la faveur de cette crise, revoir le statut de la commune en lui accordant des compétences larges pouvant lui permettre de mieux gérer les affaires publiques ? Je pense que les insuffisances ne sont pas aussi gravissimes que ça, car la gestion de cette situation de crise inédite n'a pas été beaucoup affectée. C'est une crise inédite, mais nous avons été prévoyants. La panique existe par moments, certes, mais en concertation avec la tutelle nous trouvons toujours des solutions. Cependant, toute refonte des lois régissant les collectivités locales est la bienvenue, car toutes les municipalités ne connaissent pas les mêmes défis et les mêmes aspirations. Cela diffère d'une commune à l'autre. Certaines APC doivent avoir un statut particulier. Nous avons toujours plaidé pour plus d'autonomie locale face aux défis majeurs, cela permettra, sans nul doute, de mieux gérer les affaires publiques locales et, du coup, mieux répondre aux aspirations de nos habitants. Comment envisagez-vous votre commune après la pandémie ? C'est une question très importante que nous devons poser lors des prochaines sessions pour permettre d'échanger les idées avec les membres de notre assemblée afin de nous préparer davantage pour l'après-Covid 19. Pour le moment, je peux vous dire que cette malheureuse expérience doit nous servir de leçon dans le futur. L'après-pandémie ne sera pas comme avant. Il y aura certainement beaucoup de changements, notamment dans nos comportements. Notre souci de préserver la santé et la vie de nos concitoyens doit être toujours une priorité. Nous renforcerons davantage la sensibilisation et l'accompagnement de nos élèves dans les écoles primaires de notre commune, car il n'y a pas meilleur investissement que dans les potaches, à savoir les hommes et les femmes de demain.