L'inspectrice de l'Académie d'Alger, informée de la tension dans ce lycée, a assuré qu'un nouveau proviseur a été désigné et que les dossiers des élèves exclus seront examinés au cas par cas. Au deuxième jour de la rentrée scolaire, hier, une centaine d'élèves en colère s'est rassemblée devant le portail du lycée El-Mokrani 1 de Ben Aknoun. La raison de cette manifestation est liée à leur exclusion de l'établissement sans préavis. “Nous n'avons pas reçu nos bulletins du 3e trimestre. En venant nous inscrire, nous apprenons par l'administration que nous sommes mis dehors”, explique Chahinez. Bien qu'elle soit encore en âge d'être scolarisée (elle est née en 1988), la jeune fille se retrouve à la porte. “Je n'ai jamais redoublé durant toute ma scolarité. J'ai raté mon baccalauréat, mais j'aurais voulu qu'on me donne une deuxième chance”, dit-elle. Mohamed Lamine, son camarade de classe s'exclame : “Je me demande ce que je vais faire. J'ai 18 ans. Je n'ai pas eu le bac et je me retrouve dehors sans aucune qualification hormis un niveau de terminale avec une moyenne de 9,60/20.” Comme ces deux lycéens, la majorité des exclus n'a pas reçu son bulletin du dernier trimestre jusqu'à présent. “Cela fait deux jours que je fais le pied de grue devant l'administration du lycée dans l'espoir de récupérer le bulletin de fin d'année de mon fils. Mais le proviseur refuse de recevoir les parents d'élèves. Normalement les relevés de notes sont envoyés juste après les conseils de classe du dernier trimestre”, s'insurge un parent. Interrogé sur cette situation d'anarchie, un enseignant est apostrophé. “Nous n'avons jamais vécu cette situation. 960 élèves exclus de ce lycée, c'est beaucoup !” Parmi les 960 lycéens exclus, nous dénombrons 620 élèves de la classe de terminale, 180 de 2e année secondaire et 160 lycéens de 1re année. “Le niveau des élèves est bas, leurs moyennes varient entre 8 et 9 sur 20, mais il fallait y réfléchir avant qu'ils n'accèdent au lycée. Il nous est arrivé de faire passer des élèves en classe supérieure avec une moyenne de 9/20”, affirme un autre professeur. Il était 14h30 lorsque les parents excédés ont pris d'assaut la cour du lycée. “Je veux simplement récupérer le relevé de notes de mon fils. Ses notes ne sont pas si catastrophiques. Elles lui permettent de refaire le bac ailleurs”, assure la mère d'un élève. Croisée dans un couloir, Amina fait part de sa détresse. “Je suis née en 1988, je me suis absentée le 1er trimestre car j'étais obligée de prendre soin de ma mère qui souffre d'un cancer. J'ai fourni à l'établissement un dossier médical pour justifier mes absences. Avec tous ces problèmes, j'ai réussi à décrocher une moyenne de 9,50/20 et là je me retrouve exclue. Dites-moi ce que je vais faire ?” relate-t-elle avant d'éclater en sanglots. Contactée par nos soins, l'inspectrice de l'Académie d'Alger Mme Younsi nous dira : “Le proviseur du lycée El-Mokrani 1 a été suspendu par le ministre de l'éducation nationale à cause de la mauvaise gestion administrative et pédagogique, s'ajoute à cela le faible taux de réussite au baccalauréat.” Concernant les problèmes de gestion administrative, l'inspectrice déclare : “cette anarchie et la non-obtention des bulletins de fin d'année à été créée par l'ex-proviseur du lycée. Nous devions reprendre les choses en main et faire en sorte de réhabiliter ce lycée et créer un climat d'étude serein et agréable. D'autre part, ces changements permettront de lancer la réforme du secondaire dans ce lycée sur des bonnes bases.” Il est à signaler qu'une enquête ministérielle a été ouverte afin de revoir les dossiers pédagogiques des lycéens. “Lorsque nous sommes arrivés, nous n' avons retrouvé aucun document de travail de l'établissement”, explique Mme Younsi. Au sujet du nombre des élèves exclus, l'inspectrice rassure les élèves du lycée El-Mokrani 1. “Cette situation est un héritage de la mauvaise gestion de l'établissement et elle est momentanée. Nous allons prendre en main les dossiers des élèves exclus et les revoir en conseil des professeurs au cas par cas. L'élève, qui a la moyenne et l'âge pour redoubler, n'a rien à craindre. bien sûr, nous prendrons en considération la discipline et le taux d'absentéisme. C'est simplement une question de temps”. Il est à noter que l'enquête durera une dizaine de jours et le nouveau proviseur désigné assure simplement l'intérim. Nabila Afroun