La chasse n'est officiellement pas encore autorisée, mais dans la wilaya de Tizi Ouzou, la Fédération des chasseurs estime que les conditions sont désormais réunies pour permettre une reprise sans risque de cette activité très prisée dans la région. Selon Arezki Aider, le président de la Fédération des chasseurs de Tizi Ouzou, toute une organisation est déjà mise en place pour permettre aux amoureux de la chasse de renouer légalement avec cette activité interdite depuis près de trente ans mais qui a continué à être pratiquée de manière informelle. "La fédération des chasseurs a été créée en octobre 2017 au terme d'une assemblée générale qui a réuni 18 associations de chasseurs. La fédération s'est ensuite lancée dans une opération de structuration qui lui a permis de passer actuellement à plus d'une cinquantaine d'associations à travers la wilaya et de recenser plus de 15 000 chasseurs", a affirmé Arezki Aider soulignant que l'objectif premier de la Fédération est d'organiser l'activité de la chasse, d'inculquer l'éthique, de sensibiliser les chasseurs, à la fois sur le respect de l'éthique, de la réglementation et de la nature, et aussi et surtout de mettre fin au braconnage. Sur ce dernier point, à savoir le braconnage, Arezki Aider explique que rien que durant la première année qui a suivi la création de la Fédération, le braconnage a été réduit de 30 à 40%. "En 2019, nous avons réduit le braconnage d'environ 80%. Les cas de braconnage sont devenus très rares", a-t-il affirmé non sans souligner que cela est le fruit d'un travail de longue haleine. Selon ce dernier, actuellement les chasseurs sont soumis aux tableaux de chasse qui déterminent le nombre de gibiers auquel chaque association a droit durant sa sortie et que des contrôles inopinés en compagnie des services de sécurité sont menés régulièrement de jour comme de nuit. "Des poursuites judiciaires sont systématiquement lancées à l'encontre des contrevenants", a-t-il affirmé tout en soutenant, toutefois, que c'est surtout le travail de sensibilisation et de formation qui a donné ses fruits. "Depuis sa création, la fédération a organisé 34 conférences et regroupements de sensibilisation au profit des chasseurs. Actuellement, nous nous apprêtons à entamer l'opération de délivrance des permis de chasse à compter de la semaine prochaine, mais pour y accéder il faut au préalable suivre une formation d'habilitation. Nous avons déjà organisé quatre sessions en partenariat avec l'ITMAS, et près de 300 chasseurs en ont déjà bénéficié. Cette formation permet aux chasseurs de connaître leurs droits et leurs devoirs, la réglementation régissant l'activité, le maniement de son arme, de connaître le gibier autorisé à la chasse pour le distinguer des espèces protégées, et aussi connaître les périodes de chasse qui diffèrent en fonction du gibier ainsi qu'une initiation au secourisme", a détaillé Arezki Aider estimant que "nous ne sommes plus dans la chasse traditionnelle où il suffit de posséder un fusil et constituer un dossier administratif pour devenir un chasseur, et où la chasse se résume à la recherche de quelque chose à manger. Aujourd'hui la chasse est considérée plutôt comme une partie de loisir mais, une partie de loisir soumise à des conditions très rigoureuses. Il y a une réglementation et des conditions sécuritaires et sanitaires strictes à respecter, et c'est pour cela qu'on passe à présent par cette formation accélérée de 3 jours et un examen devant un jury composé de sept membres, représentant la conservation des forêts, notre fédération, la police, la gendarmerie, la wilaya ainsi qu'un armurier", détaille notre interlocuteur pour qui toutes ces connaissances acquises ont permis aujourd'hui aux chasseurs de la région, dit-il, "de comprendre que le chasseur n'est pas là seulement pour tuer le gibier". "Aujourd'hui, nous pouvons même dire fièrement que tant qu'il y a des chasseurs, la faune et la flore sont mieux protégées. La preuve, à Tizi Ouzou nous sommes en passe de signer un partenariat avec la conservation des forêts dans la lutte contre les incendies et la protection de la faune et les chasseurs y adhérent pleinement", explique Arezki Aider rappelant que la Fédération a déjà mené avec succès deux opérations de repeuplement, des opérations qu'elle compte renouveler en partenariat avec le secteur des forêts et le centre cynégétique de Zéralda. "Nous comptons réintroduire même le mouflon", a-t-il conclu.