"Il faut rétablir la situation par l'autorité d'autant que l'Algérie est toujours en état d'urgence sanitaire", plaide le Dr Bekkat Berkani, membre du comité scientifique de veille et de suivi de la Covid-19. Le décor épidémiologique actuel de la Covid-19 ponctuée par une soudaine tendance haussière des contaminations s'apparente à une deuxième vague qui ne dit pas son nom. Le constat des uns et les commentaires des autres convergent tous vers un tableau "clinique" qui suscite de réelles inquiétudes. Ces inquiétudes sont visibles dans l'affolement et la réaction de panique des citoyens qui se présentent, depuis plusieurs jours, en masse aux urgences de l'hôpital. Les dernières statistiques du ministère de la Santé évoquaient que le nombre global des infections poursuit son ascension notamment dans les wilayas dites grands foyers de transmission du coronavirus. En somme, les 197 nouveaux cas de contamination confirmés jeudi sont le deuxième pic enregistré après celui de 199 cas déclaré le 29 avril dernier, ce qui porte le total des cas testés positifs par PCR à 12 445, alors que le bilan des patients sous traitement basé sur l'hydroxychloroquine s'élève à 27 330. C'est dire que la décrue des cas constatée depuis le 30 avril dernier n'a pas duré longtemps. La nouvelle ascension des cas enregistrés paraît, à première vue, inégalement répartie entre les régions. Les derniers décomptes font ressortir que la situation semble être ahurissante dans certaines wilayas par rapport à d'autres. Le tableau national des répartitions suggère une évolution dangereuse à l'est du pays notamment dans la wilaya de Sétif. Le bilan quotidien du Dr Fourar de jeudi, place Alger en deuxième position avec 22 nouvelles contagions suivies de Blida avec 15 cas supplémentaires. Alors que les wilayas de Biskra et M'sila qui totalisent respectivement 194 et 233 cas, enregistrent par intermittence des chiffres quotidiens qui font peur, en raison des nouveaux clusters identifiés ces derniers jours. En somme, un tel tableau épidémiologique harasse à plus d'un titre les médecins qui traquent sans relâche le coronavirus depuis quatre mois, en soutenant que l'Algérie n'est pas encore sortie de la première vague et qu'elle est en train comptabiliser des reliquats épidémiques, en raison de l'"indocilité de la population en cette période délicate de déconfinement progressif". Le Pr Kamel Djenouhat immunologue chef de service du laboratoire d'analyses médicales à l'hôpital de Rouiba n'y est pas allé par quatre chemins pour pointer du doigt l'indiscipline de la population dans l'accélération de l'épidémie. "L'Algérie fait encore face à la première vague qui allait faire une décrue à l'approche des fêtes de l'Aïd, malheureusement l'on assiste à une ascension de la pandémie. Et le pic ne semble pas être encore atteint. L'irresponsabilité et l'inconscience des citoyens y est pour beaucoup dans la reprise des courbes de contagion", expliquera le Pr Kamel Djenouhat. Pour sa part le Dr Mohammed Bekkat Berkani, président de l'Ordre national des médecins, n'a pas manqué d'alerter que "la situation épidémiologique inquiète, d'autant que les recommandations de prévention n'ont pas été observées par la population depuis le début du déconfinement progressif". Pour le Dr Bekkat Berkani, la solution réside dans la prise de contrôle par l'Etat. "Il faut rétablir la situation par l'autorité d'autant que l'Algérie est toujours en état d'urgence sanitaire", conclura le président du Conseil national de l'ordre des médecins.