Le président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, a exhorté samedi soir les séparatistes à "mettre fin à l'effusion de sang" et à respecter un accord de partage du pouvoir, lors de sa première prise de parole depuis leur déclaration d'autonomie du Sud en avril. Le conflit entre le gouvernement et les séparatistes du Conseil de transition du Sud (STC), en principe alliés contre les rebelles houthis, représente une guerre dans la guerre au Yémen. "J'appelle le soi-disant Conseil de transition du Sud (...) à reprendre le chemin de l'accord de Riyad et à mettre fin à l'effusion de sang", a déclaré M. Hadi, qui s'est exilé en 2015 en Arabie Saoudite, après la prise de la capitale Sanaa par les Houthis. L'accord dit "de Riyad" a été signé en novembre 2019 et prévoit un partage du pouvoir dans le sud du Yémen entre le gouvernement et les séparatistes. Mais ses dispositions n'ont quasiment pas été mises en place et ont vite été caduques. "Malheureusement, sa mise en œuvre a longtemps échoué en raison d'une poursuite de mesures menant à l'escalade, dont l'annonce de l'autonomie et la rébellion à Socotra", a ajouté le président. L'île stratégique yéménite de Socotra, située au large du pays, dans l'océan Indien, a été prise par le STC il y a une semaine. "Le recours aux armes et à la force pour des gains personnels (...) ne sera pas accepté", a prévenu M. Hadi au cours d'une réunion avec des responsables du gouvernement, retransmise par des chaînes de télévision yéménites. C'est la première fois que M. Hadi s'exprime depuis la proclamation de l'autonomie par les séparatistes du Sud – pays indépendant jusqu'à l'unification en 1990 – le 26 avril. Mercredi, la coalition militaire menée par Riyad au Yémen a déployé des observateurs saoudiens pour surveiller un cessez-le-feu décrété entre les forces progouvernementales, qu'elle soutient, et les combattants séparatistes, après des accrochages dans le Sud. Les séparatistes et le gouvernement doivent tenir prochainement des discussions en Arabie Saoudite pour discuter de la trêve, a affirmé le 22 juin le porte-parole de la coalition Turki al-Maliki. Cette guerre dans la guerre a rendu encore plus complexe un conflit qui, en cinq ans, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué, selon l'ONU, la pire crise humanitaire en cours dans le monde au Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule Arabique.