Petit-fils de l'essayiste Slimane Rahmani, Jamil Rahmani est médecin anesthésiste, chef du service d'anesthésie réanimation urgences à l'Institut hospitalier franco-britannique de Paris. Il est coauteur, avec son confrère Michel Canesi, de nombreux ouvrages, dont "Alger sans Mozart" (2012) et, tout récemment, "Ultime preuve d'amour". Liberté : Vous êtes médecin anesthésiste et auteur. Ce penchant pour l'écriture vous vient-il de votre grand-père et à quand remonte le déclic ? Jamil Rahmani : J'ai été élevé au milieu des livres. Mon grand-père avait une très grande bibliothèque, mon père également. J'ai commencé à écrire dès l'enfance. Après des études de médecine, vous quittez l'Algérie pour la France en 1987, mais vous n'avez pas coupé les liens, comme le montrent vos écrits... J'ai toujours l'Algérie au cœur et j'y reviens très régulièrement. Trois de nos six romans parlent d'Alger et de l'Algérie, ainsi que notre essai sur la médecine musulmane. Vous coécrivez avec Michel Canesi. Pourquoi ce choix de livres à quatre mains ? Nous avons écrit ensemble un premier roman, Le Syndrome de Lazare, qui parlait du sida. Nous voulions témoigner sur cette maladie à laquelle nous avions été confrontés comme médecins. L'expérience a été fructueuse, nous avons donc poursuivi. Un mot sur Alger sans Mozart, qui a été publié aussi en Algérie... Ce roman s'intéresse à soixante ans d'histoire algérienne, à travers une pied-noir restée après l'indépendance, son neveu et un jeune Algérien. Nous avons essayé de donner sans parti-pris la vision la plus objective possible de l'Algérie contemporaine. Pourquoi un livre sur la médecine du Prophète et comment a-t-il été perçu par vos lecteurs? Vous en parlez aussi sur les réseaux sociaux... Ysabelle Sayah Baudis, éditrice, nous a conseillé de lire un best-seller du monde musulman écrit au XVe siècle par un médecin du Caire, Jallal Eddine As-Suyuti : La Médecine du Prophète. J'ai décidé d'en faire l'exégèse avec Michel Canesi pour montrer, à la lumière des connaissances actuelles, la pertinence des conseils médicaux prodigués il y a plusieurs siècles. Ce livre a été très bien perçu par les lecteurs. Ils sont surpris de la modernité des propos d'As-Suyuti et de voir à quel point, au Maghreb, l'islam a marqué notre enfance. Pour diffuser ces conseils, j'ai créé une page Facebook : "Médecine d'hier et d'aujourd'hui". Puisqu'on évoque la médecine, parlons de la pandémie de la Covid-19. En France, vous la vivez au quotidien. La suivez-vous dans le reste du monde ? Et en Algérie ? Oui, je la suis avec inquiétude car partout dans le monde il y a un relâchement ; les mesures barrières ne sont pas ou peu respectées. La distanciation sociale et les mesures barrières sont indispensables pour faire reculer le virus en attendant un traitement efficace ou un vaccin. En nous protégeant, nous protégeons les autres ! Pour avoir vécu l'épidémie en direct en France, je peux vous affirmer que le coronavirus ne doit pas être pris à la légère : il tue vraiment ! Vous avez sorti récemment Ultime preuve d'amour. Un mot sur ce livre et sera-t-il publié en Algérie ? C'est l'histoire d'une passion malmenée par l'Histoire. L'amour de deux hommes pour une femme et de tous pour Alger et l'Algérie. Les éditions Dalimen le publieront bientôt en Algérie. Selon vous, quelle place doit occuper la culture dans la vie du citoyen lambda ? Une place centrale : la culture est le sel de la vie ! C'est le meilleur antidote à l'obscurantisme...