Ces chiffres officiels ne sont en réalité que le triste reflet de l'insouciance d'une grande partie de la population qui persiste dans le déni de la réalité de la pandémie. Il ne fait plus aucun doute qu'Oran est désormais le nouveau cluster de la pandémie de la Covid-19, un statut attendu comme une conséquence directe du non-respect des règles de prévention et confirmé par les chiffres officiels quotidiens des nouveaux cas des contaminés. En effet, et dans une interview parue sur Liberté, le 5 juillet dernier, le Dr Youcef Boukhari, chef du service de prévention à la Direction de la santé et de la population (DSP) d'Oran, avait indiqué s'attendre à un quatrième pic de contaminations "causé par le retour du transport urbain, surtout privé, à la circulation". Il avait expliqué que "les cinq grandes lignes d'Oran (11, 37, B, 4G, 51), qui connaissent de grandes affluences puisqu'elles convergent toutes vers M'dina J'dida et le centre-ville, n'ont pas respecté les mesures préventives imposées". Contacté pour de plus amples précisions quant à cette recrudescence enregistrée particulièrement à partir du 3 juillet dernier avec 82 cas comptabilisés ce jour, le Dr Boukhari, qui est également le porte-parole de la DSP, s'est excusé de ne pas répondre à nos questions nous renvoyant au directeur de la DSP. Cette centralisation de l'information touche aussi à toutes les structures hospitalières de la wilaya. Par les chiffres, Oran truste depuis dix jours la plus haute marche du podium des wilayas les plus contaminées, et du 27 juin dernier à ce dimanche, le nombre des cas positifs a presque doublé passant de 760 à 1 304 cas. Le 12 juillet, Oran se plaçait en tête de ces wilayas avec 58 cas, suivie de Tizi Ouzou et de Blida avec 41 cas chacune. Le 8 juillet, la wilaya comptait 50 nouveaux cas, arrivant à la deuxième place derrière El-Oued (52 cas) ; une journée auparavant, elle arrivait derrière Biskra (45 cas) en enregistrant 43 cas. Le 2 juillet et le 4 juillet, Oran ne comptabilisait, en revanche, respectivement que 17 et 5 nouveaux cas. Ces chiffres officiels ne sont en réalité que le triste reflet de l'insouciance d'une grande partie de la population qui persiste dans le déni de la réalité de la pandémie allant jusqu'à railler, pour certains, particulièrement les jeunes, ceux qui portent un masque de protection. Le non-respect des gestes barrières dans les endroits publics ou dans les transports en commun sont la principale cause de ces pics comptabilisés successivement à Oran depuis le début de la pandémie. Pour rappel, un premier pic a été enregistré avec l'ouverture des commerces pendant le Ramadhan surtout les marchés de M'dina J'dida, d'El-Hamri, avant que les autorités locales ne décident de les refermer. "C'est après 14 jours de cet épisode qu'on a eu une très forte augmentation des cas", avait constaté le Dr Youcef Boukhari. Le deuxième pic a été enregistré après l'Aïd avec des règles de déconfinement qui n'ont pas été respectées par la population. La troisième augmentation notable des cas positifs est due au non-respect des instructions du Premier ministre concernant les regroupements familiaux. "Toutes nos enquêtes ont démontré que les cas contaminés l'ont été dans les fêtes de mariage, les cérémonies de funérailles et les rencontres entre groupes de familles, particulièrement dans les quartiers ouest d'Oran (Eckmühl, Hassi, Kouchet El-Djir)", selon le chef du service de prévention à la DSP d'Oran. Il est aussi à craindre un nouveau pic qui pourrait être la conséquence des regroupements sur les plages oranaises où, malgré leur interdiction, les citoyens n'hésitent pas à s'y rendre en grand nombre faisant de la distanciation physique une simple vue de l'esprit. Saïd OUSSAD